Ce 11 janvier à Paris s’est éteint Eric Rohmer. En plus de de cinquante ans, il avait réussi, marque de tous les grands artistes, à imposer une véritable empreinte. Amoureux des mots, il donnait aux images des airs de littérature. Révélateur de talents (Luchini ou Pascal Gréggory entre autres), il incarnait un septième art authentique, parfois hermétique mais jamais snob. Petit retour sur l’homme et le grand créateur.
Né à Tulle en 1920, Rohmer de son vrai nom Maurice Henri Joseph Schérer, se passionne assez rapidement pour les lettres. D’abord professeur de lettres, journaliste et écrivain (il publie un roman Elizabeth en 1946), il commencera à fréquenter le cinéma en publiant des articles dans La Gazette Du Cinéma. Godard, Chabrol ou encore Truffaut y signent aussi. Puis c’est bien sûr Les Cahiers du Cinéma dont il sera rédacteur en chef de 1957 à 1963.
C’est au cœur de cette Nouvelle Vague que Rohmer signe en 1959 son premier long métrage intitulé Le Signe Du Lion. Puis dès 1962 s’ouvre le cycle initial de son œuvre, les Contes Moraux parmi lesquels figurent quelques uns de ces films majeurs. Le Genou de Claire en 1970 ou bien l’Amour L’Après-Midi en 1972 sont de ces productions fascinantes, centrées sur la relation amoureuse.
Le second cycle, Comédies Et Proverbes parcourt la décennie des années 80. Le créateur toujours prolixe continue de se pencher sur les questions de l’amour en y renforçant l’aspect livresque. Pauline à La Plage et Les Nuits De La Pleine Lune demeurent sans doute les représentants les plus significatifs de cette période.
De là, le cycle célèbre des Contes Des Quatre Saisons viendra traverser les années 90. Puis il achèvera sa carrière par des drames historiques, comme en témoigne L’Anglaise Et Le Duc en 2001 où, montrant les horreurs de la Révolution Française, il expérimenta même les effets spéciaux( tableaux de peinture à l‘huile pour décors). Enfin, l’année 2007 marque la fin de parcours de créateur avec Les Amours D’Astrée Et De Céladon, libre adaptation de L’Astrée, conte fameux du 17è siècle.
Ainsi, Rohmer au triste jour de sa mort apparaît comme un représentant lumineux du cinéma français. Applaudi par les cinéphiles, récompensé par la profession (prix Louis Delluc, Lion D’Or..), mais boudé par le grand public, il n’a en un demi siècle jamais cessé de traquer l’amour, de le peindre et de le rendre intelligible. Souvent comparé à Marivaux, l’homme est resté discret sur son intimité, préférant certainement laisser parler les images pour lui.
Le cinéma perd aujourd’hui donc un grand artiste qui continuera malgré tout de nous révéler un peu de nous-mêmes au travers d’une œuvre pérenne.
Guillaume Blacherois
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