C’est dans une ambiance de fête olympique, que vingt chefs européens se sont affrontés les 7 et 8 mai à Genève. Une manifestation qui a réuni la fine fleur de la haute gastronomie et des centaines de supporters en liesse.
Pour la seconde édition, les meilleures toques d’Europe ont rivalisé de talent sous l’oeil bienveillant et toujours aussi pointu de « Monsieur Paul » mais aussi sous le sacré coup de fourchette d’un jury de sommités de la gastronomie.
Les grandes références présidaient le jury : Philippe Rochat, le président, Freddy Girardet, élu en 1990 « meilleur cuisinier du siècle », et président d’honneur, et Daniel Boulud, le grand restaurateur français installé à New-York.
Vingt pays étaient représentés après une dure dont une nouvelle nation, la Slovaquie.
Dans des boxes cuisine de 18 m², installés face au public, vingt chefs ont développé leur savoir‐faire autour des deux produits imposés en réalisant, en 5h35, un plat à base de Veau de Suisse et d’un autre à base de Sterling Flétan Blanc.
Du grand spectacle ! Le chef, ses deux commis et un « coach » qui encourage et suit à la seconde prêt l’évolution du chef. Le jeune chef français, Jérôme Jaegle, s’entend dire par exemple : « passe ta sauce », « pas trop d’eau’, « ça va, tu es dans les temps »… Une tension extrême perceptible.
5h35 pour préparer du veau suisse et du flétan blanc norvégien que l’on est peu habitué à cuisiner sous nos latitudes. Est-ce pour cette raison que le vainqueur du Bocuse d’Or 2010 Europe est nordique : le danois Rasmus KOFOED ? Ce poisson à la belle chair blanche requiert une grande technicité afin de le cuire à coeur sans éviter qu’il ne parte en coton – ce qui est arrivé au chef suisse et à d’autres concurrents.
Soulagement, le candidat français est quand-même sur le podium, à la troisième place, avec des compositions qui semblaient épurées, et notamment le plat de poisson intitulé « Retour de Nasse »; le talent et l’esprit français. Jérôme Jaegle, 31 ans, est chef de cuisine à Lyon chez le MOF Christian Têtedoie. Le flétan ne l’a pas effrayé, à tel point qu’il nous confie vouloir en proposer à Lyon.
Une manifestation populaire
Le génie de Paul Bocuse explose dans cette manifestation tout à la fois joyeuse et de haut niveau. Grâce à lui, le monde entier se réunit autour de la grande gastronomie et du retour à une cuisine généreuse qui place le produit au centre de l’art culinaire. Une véritable fête populaire avec les sifflets, drapeau, encouragements des délégations venues de toute l’Europe…
Daniel Boulud rend hommage à ce « Monsieur Paul qui sait propulser les jeunes » et « révéler les talents. En outre, ce concours aura attiré près de 3000 apprentis cuisiniers venus de toute la Suisse.
Et au sein de cet aréopage prestigieux, on n’oubliera pas que le président d’honneur du jury Freddy Girardet est l’homme qui a appris à la Suisse à déguster la gastronomie dans les années 80.
Durant le concours, on aura pu aussi admirer la fraternité du monde culinaire avec l’imposant staff de cuisiniers suisses venus pour aider leurs confrères, ainsi que les élèves des écoles hôtelières assurant le service.
Sur les 20 chefs en lice, les 12 meilleurs ont décroché leur passeport pour le Bocuse d’Or 2011, qui se tiendra les 25 et 26 janvier 2011 à Lyon lors du Sirha.
Comme l’a dit Paul Bocuse : « c’était un concours de très haut niveau; ça volait haut ».
Photos : Podium du Bocuse d’Or Europe 2010 -® TCaron
Jérôme Jaegle, Bocuse de Bronze 2010 – ® TCaron
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