Le calembour

/« Le calembour représente l’unique point de jonction entre un génie et un imbécile. »
Frédéric Dard

« Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise ! » Voilà un des premiers calembours que l’histoire de notre civilisation a retenu… Excusez du peu mais l’auteur n’est autre que Jésus-Christ. On peut trouver pire représentant en mot d’esprit.
Ce style d’humour qui consiste à jouer avec le double sens des mots est une des formes les plus courantes du jeu de mots. Il côtoie l’excellent, un tantinet poétique comme : « ce n’était pas une lumière parce qu’il était niais » avec le plus facile comme : « La ville de Gien réputée pour ses grottes. »

Brillant ou terne, précis ou approximatif, le calembour est une gymnastique de l’esprit qui peut être aussi nécessaire que les étirements du matin. Bien assené, il peut vous éreinter les zygomatiques en un tour de langue ou vous rendre maître d’une soirée selon que vous soyez calembourdeur ou calembourdé.

Des sources contestées, des origines mystérieuses, des détracteurs virulents, des admirateurs sans bornes, mais que se cache-t-il donc derrière ce petit mot qui fait couler tellement d’ancres ?… Heu… d’encre, pardon.

Bien que le calembour soit vieux comme les hommes – on en trouve chez Homère, Aristophane, Plaute ou Cicéron – au XVIe siècle, il s’appelait équivoques ou à-peu-près. Les chercheurs les plus avertis ont tenté de percer le secret  des origines de son étymologie. Il semblerait que trois hypothèses sérieuses se détachent.

Lien italien ?

Une partie des spécialistes de la langue soutient qu’il ne peut s’agir que d’une origine italienne et plus précisément de l’expression, calamajo burlare : badiner avec la plume. Pourquoi pas… Cela pourrait tout aussi bien venir de calamar burlesque ou de la cale est bourrée ou encore de caleçon birman mais certains érudits ont tranché, il s’agit de calamajo burlare qui formera de toute évidence calembour.

Hypothèse étymologique ou éthylique

La deuxième hypothèse est plus technique et peut-être plus cohérente (enfin, peut-être). Mais attention, accrochez-vous au pinceau, j’enlève l’échelle.
L’origine viendrait du mot calembredaine qui décrit un propos extravagant, ridicule ou trompeur couplé avec le mot bourde, bévue ou boulette. Ça se tient. Hélas, une troisième hypothèse vient brouiller les pistes.

Le comte de Kalhemberg

Au XVIIIe siècle, Versailles reçu en son sein le comte Kahlemburg ou Kahlemberg, ambassadeur de l’Empire allemand. Ce dernier, digne d’un baron de Nuncigen cher à Balzac, truffant son discours d’à-peu-près, de coq-à-l’âne, de phrases mal accentuées, se trouva peu à peu la victime des petits plaisantins de la cour. Ces derniers n’avaient de cesse de lui tendre des pièges dans le lequel le comte tombait pour le plus grand bonheur de son entourage. Bientôt, plus personne ne put entendre une errance de langage, une plaisanterie ou une bourde sans se référer à l’Allemand… Et le kahlemburg devint le calembour.
Sympa, non ?

Qu’allant au bourg
On pourra cependant préférer aux hypothèses précédentes une quatrième théorie plus en adéquation avec le sujet, la fine analyse de l’auteur Jean Sauteron :

« Autrefois, les cardeurs de matelas calaient leurs machines avec de la bourre de coton. Un jour, un apprenti, peu au courant des usages, demande où les cales sont et quelle matière fait cale. Le contremaître lui répond aussitôt : « tiens ! voilà deux cales en bourre ! » Il fallut au brave garçon un cardeur pour comprendre. »

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.