La rentrée parisienne des musées cette année est particulièrement brillante.
Parmi les expositions sur lesquelles CultureMag attirera votre attention, L’Académie française au fil des Lettres, de 1635 à nos jours, présentée au Musée des Lettres et des manuscrits, constitue une occasion unique de présenter les écrits de nos plus fins lettrés.
Cette exposition est unique à plus d’un titre.
D’abord, se pencher sur l’écriture des écrivains que nous aimons est émouvant. Ensuite, la collection présentée rassemble pas moins de 7 000 lettres et documents autographes émanant des quelque 700 Immortels ayant siégé à l’Académie française, est le fruit d’une lignée de six générations de collectionneurs : la famille de Flers.
Commencée en 1824 mais connue à ce jour des seuls initiés, cette histoire d’amateurs de lettres-autographes permet de présenter la fabuleuse création de Richelieu sous un angle inédit et étonnamment vivant.
En 1635, la société de lettrés d’origine réunies autour de Valentin Conrart, Jean-Louis Guez de Balzac, etc., consentent à fonder une Compagnie sous les auspices du Cardinal de Richelieu. Ils se donnent alors pour tâche la protection de la langue française et la rédaction d’un Dictionnaire.
On n’aura jamais côtoyé de si près cette institution aux contours souvent inaccessible. « L’Académie française au fil des Lettres » dévoile le fonctionnement de la vénérable institution : travaux quotidiens, protocole, débats et querelles enflammés à travers les siècles. L’ampleur des discussions, portant tour à tour sur les finances, l’amour, l’’écriture, les intrigues autour des élection, les sciences ou la politique… On voit que rien n’échappe à la sagacité des Académiciens.
Depuis la fondation de l’Académie en 1635 jusqu’au vingtième siècle, avec l’arrivée en 1980 de la première femme Académicien, Marguerite Yourcenar, les Immortels sont presque tous rassemblés dans cette incroyable collection.
Cocteau, et sa belle écriture régulière, celle de Marcel Pagnol, bien formée et dont la lettre déborde de tendresse pour le prochain, ou encore des écritures plus torturées comme celle du grand Bossuet…
Il est dommage de ne pas avoir accès au déchiffrage des lettres les plus difficiles à lire. Seul le catalogue permet de découvrir les savoureuses proses de certains sabirs graphiques.
On découvre certes les Académiciens, mais aussi ceux qui refusent de briguer un siège, comme Montherlant, ou le fameux « Siège 41 », l’expression a été inventée par l’écrivain Arsène Houssaye en 1855 afin de désigner ces « Refusés » célèbres tels Molière, Diderot, Balzac, Flaubert, Stendhal, Nerval, Maupassant ou encore Proust. Leurs écrits hauts en couleur, sont frappés au coin de la satire, de l’amertume parfois, voire de l’anathème.
Un tour d’horizon de la Coupole inédit et résolument original.
Pratique :
Musée des lettres et manuscrits
222, boulevard Saint-Germain 75007 Paris
Téléphone : 01 42 22 48 48
www.museedeslettres.fr
Exposition du 16 septembre – 15 novembre 2010.
Le catalogue :
L’Académie française au fil des Lettres, de 1635 à nos jours, 360 pages, 350 illustrations, Gallimard.
Prix : 29 €.
C’est une bonne lecture