L’humour c’est la crise… de rire !

Le Leopard masqueComme le disaient deux personnages de Michel Audiard : « le mariage est le propre de l’homme ! » et l’autre de répondre : « Vous devez confondre avec le rire, ce n’est pourtant pas la même chose ! »

L’épigramme amusante est juste et profonde… le mariage est bâti sur les concessions, le rire n’en offre aucune ! Le rire est naturel, impromptu, incalculable, il sort du ventre sans prévenir, vous prend en traître, vous époumone par surprise, vous étrille les cotes, vous attrape au cœur, vous laisse sur le carreau… parfois pour une simple pique ! C’est magique, cela détend, cela repose… Ce sont quelques gouttes de bonheur. Le corollaire du rire, le déclencheur sournois : l’humour ! Mieux : l’esprit ! Laissons the sens of humor aux anglais et gardons l’esprit à la française.

Contrairement à ce que peuvent en penser certains, personne n’est insensible à un trait drôle et ravageur, à une boutade vacharde, une flèche du parthe drolatique, une blague carambar, un déjeuner contrepétant ou une soirée calembourdine… D’aucun le dispense, d’autres le reçoivent, mais tout le monde trouve sa place ou son compte dans le jeu de l’esprit et il suffit pour s’en convaincre d’observer les rires qui fusent dans les salles de cinéma et les théâtres, d’écouter les comptoirs français et leurs inventions langagières, de regarder les émissions télévisées qui rêvent d’être pertinentes dans le sarcasme rigolard… Oui le rire est partout et surtout l’envie de rire…

Le monde de la littérature devrait-il en être exempt ? Le monde si sérieux des lettres a-t-il oublié que les grands vitrioleurs des systèmes sont des grands déconneurs lucides ? A-t-on oublié que Molière a su être le plus drôle des auteurs, au même titre qu’Alexandre Dumas, Jules Vernes et même Victor Hugo ? Oublie-t-on la vertu salutaire du second degré et de sa fausse légèreté ? Ignore-t-on que derrière un burlesque échevelé, Frédéric Dard fut un des auteurs plus conscients de la noirceur de l’homme ?
Revendiquons le rire en littérature et affichons-le !

Redécouvrons des auteurs ou des textes qui furent de petits chefs-d’œuvre d’humour… Je pense à Blondin et son Singe en hiver, je pense à René Fallet et à son Triporteur, je pense au Machin de Jacques Perret, à La jument verte de Marcel Aymé, à Clochemerle de Chevalier, je repense au Martyr de l’obèse de « l’infréquentable » Béraud, je pense à moi également (ça ne mange pas de pain), et à ces milliers d’ouvrages que l’on oublie de relire au détriment plumes souvent anémiées et parfois absconses.

Découvrons des auteurs d’aujourd’hui qui n’ont pas mis le nombril au centre de leur œuvre, des auteurs qui sont restés à l’idée première qu’un livre n’est pas une thérapie déguisée, mais l’envie d’arracher une émotion à autrui… Une émotion peut vouloir dire une larme, une nostalgie, la colère, la peur… le rire ! Je pense à la Conjuration des imbéciles de John K. Toole, je pense à Mon oncle Oswald de Roald Dahl, je pense à Flou de Jean-François Derec, je pense à La boutique des suicidés de Jean Teulé et aussi aux livres de Fred Kassak, de Francis Mizio, de Pierre-Marie Windal… et aux miens également (ça ne mange pas de brioche).

Voici trois ans, dans la jungle littéraire est apparu un arbre avec une nouvelle branche : la littérature humoristique… Un éditeur français, le Léopard Masqué, s’est spécialisé dans la défense du rire en littérature… Il convient donc d’en saluer l’initiative et l’audace car ce nouveau combat politique et littéraire a du sens à l’heure où la sinistrose envahit les consciences et la morosité les librairies.

Cet éditeur fantasque et salvateur a décidé de prescrire le roman humoristique comme remède à la cuistrerie… Méfiez-vous, elle existe ! Je l’ai rencontrée !

Pour mieux découvrir les enfants, redécouvrons les parents… (à suivre)

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