La figure des morts qui reviennent hante notre imaginaire, peuple notre littérature et notre art depuis la nuit des temps.
Mais c’est bien par le truchement de l’art que se lève l’interdit de la représentation de l’Au-delà. En collaboration avec le Département des Arts Graphiques, le Louvre présente une petite collection d’oeuvres significatives, du Moyen-Âge au XXème siècle. Des « vanités » qui montrent à travers la monstration de la mort, la vanité de l’existence, si courte.
« Memento mori » ! « Souviens-toi que tu es mortel » nous rappelle l’art.
Cette exposition, modeste par la taille mais très qualitative dans la mise en place et l’intention, résume la variété des iconographies de revenants. Dessins, peintures, photographies, albums de théâtre, n’abordent pas l’Au-delà sous l’angle religieux mais purement humain.
Dès le XIIIème siècle, l’apparition de fantômes, squelettes et autres cadavres animés rappelle aux hommes que l’existence est éphémère, et partant, futile. Sans parler des danses macabres, si populaires à partir du XIVème siècle.
On admire d’abord le chef-d’œuvre de Hans Baldung, Le chevalier, la jeune fille et la Mort, ambiguë s’il en est; quel est le sujet de ce tableau macabre ? La lutte amoureuse entre le chevalier et la jeune fille ou cette vivante emportée par l’allégorie de la mort ?
Les dessins de costumes de Daniel Rabel pour un ballet dansé au Louvre en 1632 figurent notamment la « Première entrée des fantômes, quatre figures ».
Les plaques de verre mécanisées pour le spectacle de Fantasmagorie présenté à Paris en 1798 et des plaques du début du XIXème siècle mêlent des images historiques et des sujets surnaturels. Les images provoquées par les progrès de la lanterne magique projettent des « images en mouvement » surgissant de toutes parts. Leur visée : divertissement et éducation.
À la fin du XVIIIe siècle, la part belle est à l’art de la suggestion et des visions fantastiques, avec Girodet, Ingres ou Delacroix… Ce flou marque les prémisses des images spirites du XIXème, « témoins » de l’invocation des fantômes (d’amusants truquages) pendant les séances spirites.
Le but recherché est de montrer la continuité entre les formes du spectacle et de l’image : de l’iconographie du Moyen-Âge au cinéma vu par Marcelle Lista, spécialiste du septième art et commissaire de l’exposition, comme « l’art des fantômes, un théâtre d’ombres. Une trace des vivants survivant au-delà de la mort. »
Toute une démarche à suivre aussi à travers le programme de conférences et de films programmés à l’auditorium du Louvre.
Pratique :
Revenants. Images, figures et récits du retour des morts.
Du Vendredi 11 février au Lundi 28 mars
Musée du Louvre
Entrée principale : Pyramide (cour Napoléon) Paris 1er (75001)
Tél : 01 40 20 53 17.
Photos : Girodet de Roucy-Trison Anne Louis, Le Songe d’Enée, RF 34731 Lavis brun et gris, rehauts de blanc, sur traits de crayon 23,9 cm x 32,1 cm.
(c) Musée du Louvre, Département des Arts graphiques.
Le cavalier de la mort de face, plaque animée peinte à la main, France, première moitié du XIXe siècle, 11 x 36,5 cm.
(c) Centre National du Cinéma et de l’image animée, dépôt à la Cinémathèque française.
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