Saint Valentin contre Narcisse

/On pourrait donner à cette fête la palme de la niaiserie, surtout à l’heure où les couples repoussent l’engagement, où les mariages volent en éclat pour un couple sur deux dans les grandes villes, où un sondage révèle l’immense souffrance et les dommages considérables du divorce sur les enfants.
L’homme contemporain narcissique et jouisseur, navigue entre « la tyrannie du plaisir » dénoncée par Jean-Claude Guillebaud et « l’impératif catégorique du bonheur », comme le dit si bien Pascal Bruckner, aux antipodes de l’amour qui est don de soi.
Alors, parler de fleurs et de cadeaux le 14 février, c’est un peu court !

Il serait plutôt nécessaire de revenir au fondamentaux : d’où vient cette fête ? Qui est St Valentin? Qu’est-ce que l’amour ?
CultureMag ne vous propose pas de dîner aux chandelles et de vous livrer à la mise en scène de la comédie amoureuse, mais vous invite à réfléchir sur le sens de l’amour, à dresser le bilan de sa vie amoureuse. Et pourquoi pas à pardonner, à se pardonner, mais aussi à demander pardon à ceux que l’on a pu blesser.
Le 14 février, l’occasion de partir sur de nouvelles bases… et de se cultiver un peu.

Sait-on que l’association de l’amour et de la fertilité au mois de février remonte à l’Antiquité, période où l’on fêtait le mariage des dieux Zeus et Hira ? Et que la célébration de l’amour physique à cette période date du Moyen-Âge ? Mais de tradition liant le 14 février à l’amour courtois et plus encore à une quelconque bluette, point.

En revanche, il y eut bien un Saint Valentin, et même trois, tous martyrs pour leur Foi.
On connaît le Valentin de Rome, un prêtre qui a souffert le martyre à Rome dans la seconde moitié du IIIe siècle avant d’être enterré sur la Via Flaminia; et le Valentin de Terni, un évêque d’Interamma (le Terni moderne), qui a également souffert le martyre dans la deuxième moitié du IIIe siècle et, lui aussi, enterré sur la Via Flaminia. L’un deux aurait été tué un 14 février pour avoir marié des officiers romains malgré l’interdit promulgué par l’empereur Claude II.
N’est-ce pas là le plus grand amour, celui consiste à donner sa vie pour l’amour de Dieu et de l’Humanité ?

Et puis, la fête des amoureux est très récente. Après tout, la célébration de l’amour dans le couple devrait être quotidienne, puisqu’il s’agit d’une construction. Cependant, les radins et les bougons qui crient à l’opération commerciale ne trompent personne…
Longtemps, le 14 février fut dédié aux célibataires, avec notamment des fêtes populaires où des jeux de cache-cache entre filles et garçons étaient organisés. Ces journées permettaient aux jeunes gens de se marier quand les hommes trouvaient la cachette des femmes.

Au XVème siècle, le doux poète Charles d’Orléans évoque la Saint-Valentin avant que la tradition ne soit oubliée jusqu’au XIXème siècle.

Pour résumer, Saint Valentin est le patron du mariage et du don de soi.

Et pour finir, la Saint-Valentin fut longtemps la fête d’une des plus belles formes d’amour : l’Amitié. Et si on la réhabilitait… « Parce que c’était lui, parce que c’était moi. », ou l’une des plus belle page d’amitié de l’Histoire de France.

À méditer.

Quelques livres nous parlent d’amour…

/Pléthore d’ouvrages traitent de l’amour sous tous les angles. En voici quelques-uns parmi la multitude :

Pascal Bruckner signe l’échec du mariage d’amour à l’occidentale dans « Le Paradoxe amoureux » (Grasset), montrant le comportement adolescent de nos contemporains, versatiles, ces « amoureux de l’amour » qui ne supportent pas la baisse d’intensité du désir. Dommage qu »il « oublie » que l’Église a toujours lutté pour promouvoir les unions choisies.

/L’académicien Jean-Marie Rouart nous livre sa romanesque et masochiste « Guerre amoureuse » (Gallimard) entre un homme idéaliste et auto-centré et une jeune fille perdue.

Dans son dernier roman, « Une affaire conjugale » (Albin Michel), d’Eliette Abécassis s’inspire de son divorce pour dénoncer ce drame « ordinaire » comme une barbarie, « au-delà de ce qu’elle avait pu imaginer ».

Quant à l’ancien prix Goncourt Andreï Makine, il nous confie son « Livre des brèves amours éternels » (Seuil)… Où l’amour  comme un acte de résistance en pleine ère soviétique.

Dans « Ces amours qui n’avancent pas » (éd. de l’Emmanuel), trois thérapeutes tentent de repousser les obstacles qui empêchent « de se donner dans un amour sans réserve, source de bonheur », et rappellent que « le ressenti » ne saurait être un facteur indicateur de l’amour réel.

1 Comment

  1. A propos, a propos d’immortel, ll se dit que le réputé libraire M. Collard, qui tient la librairie Griffe Noire, envisage de postuler pour être élu à l’Académie !. Je trouve que cela ferait un 2nd élan à la noble institution, foi de Saint Maurien. Qu’en penser ?

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