Art contemporain et conflits d’intérêts

/Par Christine Sourgins*

La  «  coproduction », est très mode : un musée ou une institution publique,
aident charitablement un artiste et sa valeureuse galerie à exposer. La
sociologue donne un exemple concret : la Mission pour la célébration de l’an
2000, était dirigée par Jean-Jacques Aillagon, elle coproduisit  pour l’exposition
« La beauté en Avignon »  Split-Rocker de Jeff Koons, une folie kitsch et
monumentale de 100 000 fleurs fraîches.

«  Le coût pour l’État n’a pas dû être négligeable ; lorsqu’elle fut réinstallée en 2008 à Versailles, il
fallut une structure métallique (un mois de travail), dix tonnes de terre, une équipe de jardiniers pour remplacer chaque jour les fleurs fanées, une nacelle pour arroser le sommet de la sculpture et des éclairages pour qu’elle soit illuminée de l’intérieur. L’œuvre sera achetée en 2001 par François Pinault (…)
Le galeriste de Jeff Koons a-t-il rétrocédé à l’État la part investie dans la coproduction de l’œuvre lors de la vente au collectionneur ? Si oui, sur quel budget ? Et si non, ce financement par l’État d’une œuvre vendue sur le marché relèverait-il d’une subvention déguisée, d’un détournement de fonds publics ou d’un abus de bien social ? »
se demande la sociologue du CNRS Nathalie Heinich  (1).
Les 3 mon capitaine !

Après la coproduction, « l’exposition de prestige ». Versailles en est un exemple criant : en novembre 2009, une ouvre exposée à Versailles par Koons en 2008, a quintuplé sa cote de 2001.
Le phénomène devient épidémique : le Tri postal de Lille consacre la collection Charles Saatchi, après celle de François Pinault, le Magasin (Grenoble), le Frac Paca (Marseille), l’Espace de l’art concret (Mouans-Sartoux) ont déjà joué les brosses à reluire  de collections privées.
Toutes ces expositions sont des aveux :  les fonctionnaires si peu sûrs de leurs choix  préfèrent montrer ceux des collectionneurs privés !

L’État devrait en tirer les conséquence : faire glisser les budgets  d’achat, du contemporain au patrimonial, et à sa restauration en particulier.
Autre dégât collatéral de la politique marketing du ministère de la culture : les « dons des mécènes aux musées se retrouvent plus souvent dans les réserves
que sur les cimaises, n’incitant guère à la générosité », priorité à la spéculation oblige !

(1) « L’Etat face au marché de l’art » publié dans Libération le 7 janvier 2011.

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