Jura : l’invention de l’abbaye clunisienne

/CultureMag vous invite à une promenade estivale sur les traces de notre patrimoine, entre histoire et expositions d’artistes contemporains.

Le Jura regorge d’abbayes et d’églises. Et pour cause… Cette belle région du Jura est à l’origine de la création d’abbayes dont le fleuron est la prestigieuse Cluny. Mais de précieux monuments religieux ont introduit avant elle ce mouvement monastique… et l’ont suivi. Démonstration en trois lieux emblématiques : l’église de Gigny, Baume-les-Messieurs et Romainmôtier.

Le bourg médiéval de Nozeroy, plateau situé entre la forêt de Joux et le massif de la Haute-Joux, naquit autour du château édifié par Jean de Chalon vers 1250. Au XVème siècle, le château fut transformé en résidence princière par Louis II de Chalon-Arlay, aidé par des artistes de la Renaissance bourguignonne.

À l’origine de Cluny, l’église de Gigny participa à l’essor de la chrétienté au Xème siècle. Elle est un symbole remarquable de l’art roman et un témoin de l’importance de l’abbaye fondée vers 890 par le Seigneur Bernon sur ses propres terres. Il en fut le Père Abbé avant de fonder ensuite l’abbaye de Baume-les -Messieurs dont il devient Abbé à son tour.
L’église monastique est un beau complexe architectural dont les divers éléments datent de du Xème siècle au XVIIIème siècle. Détruite par un incendie en 1157, elle fut reconstruite plusieurs fois. Elle est devenue église de la paroisse en 1789 et porte le nom de saint Taurin dont les reliques sont conservées dans la châsse placée derrière l’autel. Le nom de saint Taurin explique les nombreuses représentations de têtes de taureaux et de vaches à l’intérieur mais aussi à l’extérieur de l’église (lever les yeux sous la toiture vers les modillons). Le dôme du clocher a été édifié au XVIIIème siècle, et sur le portail occidental on peut découvrir les armoiries du pape Jules II.

/L’ancienne école de Gigny accueille des expositions valorisant l’abbaye de Gigny, notamment une présence absente », ou 910 petits bonshommes représentés sur des toiles reliées entre elles par un fil. Cette œuvre de Agnan Kroichvili symbolise la date de la création de l’Abbaye de Cluny.
Plus marquant encore peut-être, les bannières bordées pour Gigny, Baume, et Cluny, merveilleuse création de 400 brodeuses de France, de Suisse et d’Allemagne et qui raconte à sa manière l’histoire du Moyen-Âge.

La physionomie actuelle de Baume-les-Messieurs doit en partie seulement sa splendeur à Bernon mais à la succession des abbés qui en eurent la charge.
L’histoire de ce monument remarquable remonte en réalité au Vème siècle avec l’érection d’une dépendance monastique.
En 1759, le pape érige l’abbatiale en une simple collégiale de chanoines séculiers – autrement appelés « messieurs ». Baume-les-Moines devient alors Baume-les-Messieurs. L’église Saint-Pierre est un joyau de l’ensemble et offre un bel exemple du premier genre roman jurassien.

Et en 909, à la demande de Guillaume d’Aquitaine, Bernon, ce pionnier intrépide partit fonder l’abbaye de Cluny aidé de six moines de l’abbaye de Gigny et de six moines de l’abbaye de Baume. Il fait régner la règle de Saint Benoît dans les trois abbayes jusqu’à sa mort en 927.

À la fin du Xème siècle, l’expansion clunisienne s’étend à travers toute l’Europe avec 1450 monastères dont 815 en France.

À voir dans l’église abbatiale et l’entrée du logis de l’abbaye de Baume, l’exposition des magnifiques sculptures en bois des moines fondateurs de l’artiste Josette Coras (1926-2008) qui a vécu cinquante ans dans l’abbaye dont elle restauré le logis abbatial.

L’abbaye de Romainmôtier en Suisse, est située au pied du Jura suisse et au sud du lac de Neuchâtel. Fondée vers 450, elle tire son nom de ses fondateurs, les « Pères du Jura », Romain et Lucipin Romainmôtier. Elle est entrée dans l’Ordre de Cluny en 928.
Aujourd’hui le petit bourg et site clunisien de Romainmôtier vit au rythme de son abbatiale romane. Le monument, bien qu’il ait été amputé de son monastère à la Réforme (où il devient un lieu de culte protestant, d’où la destruction des statues, des autels, etc.), garde la physionomie orientée par les travaux du XIIème au XVIème siècle. L’église du XIème siècle ornée de peintures murales des XIIIème et  XIVème siècles.
Deux campagnes de fouilles et une restauration ont eu lieu au XXème siècle.

Ces foyers artistiques, intellectuels, et bien sûr, spirituels de l’Occident, les abbayes sont encore un patrimoine vivant auquel on doit se référer pour comprendre l’évolution de l’Europe. Ils appartiennent au sites clunisiens reconnus « Grand itinéraire culturel » par le Conseil de l’Europe.

Pratique :

Se restaurer :

Le Relais Médiéval
Bar-restaurant
3, Grande Rue – 39250 Nozeroy
Tél : 03 84 51 16 82.

Se loger :

Au lieutenant Baillival
1323 Romainmôtier – Suisse
024 453 14 58
aulieutenantbaillival@bluewin.ch

Expositions :

/Gigny : « Une présence absente ».
Tous les jours de 11h à 18h, du 14 mai au 16 octobre 2011.
Abbaye de Baume-les-Messieurs : Regards croisés
Tous les jours Tous les jours de 11h à 18h, du 20 juin au 18 septembre. Le week-end du 24 septembre au 16 octobre.

À lire :

Josette Coras, Quelques années à la Baume, Néo éditions, 29€.

En savoir plus :
www.juramusees.fr

Photos :

L’abbaye de Baume-les-Messieurs. © CDT du Jura.
Église de Gigny-sur-Suran. © Marie-Jeanne Lambert / CG 39.
Moines. Sculptures de Josette Coras. © Alain Tournier.

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