Le Musée de la poste présente une exposition « mythes et réalités sur l’histoire de la sorcière » jusqu’au 31 mars 2012.
Les sorcières font entendre leur voix au Musée de La Poste. L’exposition aborde la sorcellerie du Moyen-âge à nos jours, suivant des approches historiques, ethnographiques et artistiques.
En toutes périodes troublées, l’irrationnel surgit. Au Moyen Age, pendant la grande peur de l’An 1000, on voit se multiplier les sorcières. On brûle quatre femmes pour un homme sorcier et celles-ci sont présentées comme les possédées du diable. Elles apparaissent aussi comme une figure complexe, dramatique voire romanesque. Ces femmes sont citées dans la littérature : les possédées de Louviers, Loudun ou Aix. Michelet s’en inspire lorsqu’il écrit la Sorcière en 1861.
Cette femme s’exclue ou est exclue de l’idée de foyer, gagne la lande, fait pacte avec Satan. Elle passe par trois phases historiques : un état latent la femme souffrante et pauvre, un état triomphant, la sorcière prêtresse et un état décadent, la sorcière professionnelle, douteuse, confidente que parfois des femmes de la noblesse vont voir et à qui elles font confiance.
La sorcière apparaît comme n’ayant ni père, ni mère, ni enfants, ni époux, ni famille. On ne sait trop d’où elle vient, parfois veuve elle s’est retirée quelque peu du monde social. Vivant en solitaire dans une forêt de ronces, de landes épineuses, la sorcière est vouée à la clandestinité. La nature autour d’elle devient un lieu inhumain. Satan est censé l’initier à la compréhension du langage et de la nature.
La puissance de la sorcière et surtout l’inquiétude qu’on ressent à son approche, proviennent de la vie secrète et en particulier du sabbat. Cette assemblée nocturne a la forme terrible de la messe noire, de l’office à l’envers. Les affaires de sorcellerie démontrent cette possession diabolique avec un amour sabbatique toujours représenté dans les tableaux ou décrit au féminin. La puissance de la femme protectrice et défensive, peut se retourner et devenir maléfique. Cette puissance est d’autant plus redoutée que la femme utilise les objets du quotidien pour les maléfices. On passe de l’image de la bonne épouse à celle de la sorcière.
Elle peut aussi guérir. Les femmes parfois préfèrent se faire soigner par des « sorcières » car elles n’admettent souvent pas d’être examinées par les médecins. La sorcière cueille des plantes médicinales et communique son énergie aux plus faibles qu’elle envoûte.
Ces plantes calment ou stimulent. Il faut alors de l’audace pour en préciser les doses. La sorcellerie est en fait la première médecine.
La sorcière disparaît, du moins officiellement, au moment de la progression de la science. Le corps est discipliné par l’éducation et sociabilisé par le mariage. S’ajoutent aussi la crainte du groupe de femmes : se retrouver ensemble est considéré comme dangereux. La norme voulait que les femmes restent chez elles, occupées, alors que « courir dehors » entrainait une négligence des tâches féminines.
L’exposition présente aussi de nombreux objets liés à ce thème : grimoires, masques, amulettes, talismans… destinés à protéger ou jeter un sort. Des tableaux d’artistes hollandais ou de peintres modernes ainsi que des œuvres d’affichistes pour des films nous font entrer dans l’univers diabolique avec des représentations de sabbats, des scènes d’exorcisme…
Les bûchers se sont éteints, mais les croyances restent vivaces tant les convictions dans les maléfices et les envoûtements sont ancrés au fond de nous-mêmes.
Isabelle Jolly-Gojon
Pratique :
Musée de La Poste
34 boulevard de Vaugirard
Tél. : 01 42 79 24 24
de 10 h à 18 h, le jeudi jusqu’à 20 h
sauf dimanche et jours fériés
Tarif : 6.50 € – TR / 5 €.
Gratuit pour les moins de 13 ans.
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