Contre la pensée unique

/Contre la pensée unique : un nouveau livre-évènement de Claude Hagège (Odile Jacob, 2012)
L’éminent linguiste y montre les liens privilégiés entre l’imposition planétaire de l’anglo-américain et l’épandage d’une « pensée unique » anglo-américaine d’apparence néo-libérale, qui détruit en fait les pensées nationales, particulièrement celle de sa principale opposante française, et les personnalités et âmes des peuples.

Ce livre marque une étape importante de la carrière et de la vie du professeur au Collège de France. C’est le fer fixé au bout de la lance des publications antérieures, de l’Homme de paroles au Dictionnaire amoureux des langues, en passant par Halte à la mort des langues et Combat pour le français. Au nom de la diversité des langues et des cultures.

Loin d’imiter certains  « Immortels » qui, une fois élus, limitent leurs services publics à la poursuite de leurs œuvres, et à leur participation au Dictionnaire de l’Académie, dans une observation distanciée des agitations du monde, notre vivant mortel, livre après livre, est passé de l’observation des langues et de l’analyse aigüe des cadres et conditions de leurs évolutions, à la découverte, puis à la dénonciation de plus en plus argumentée et véhémente, des causes de leur mort.

Tout en restant mesuré dans ses propos, il y développe sa formule-choc d’un colloque de nos associations : « il s’agit bien d’une guerre » contre les autres langues et cultures. Menée pour l’anglais, par le vecteur et le moyen de l’anglais, pour le plus grand profit culturel, économique, et politique de la « Caste » internationale, oligarchie financière mondiale, de base encore largement anglo-américaine. Cet empire traverse une phase de déclin, mais garde encore le pouvoir de dominer et de détruire, moins par les chars et les avions que par le « soft power » décrit par ses fascinés : Frédéric Martel, Olivier Poivre d’Arvor…

Une guerre déjà décrite par Yves Eudes dans La conquête des esprits, par Charles-Xavier Durand dans La nouvelle guerre contre l’intelligence, par nos associations aussi. Claude Hagège y a puisé. Il les cite tous. Il les prolonge. « Es brodelt » (cela bouillonne) en lui. Risquons cette référence qu’il aime : cela « Braudelt ». Mais il va plus loin et apporte à la cause le souffle de sa langue. Tout en – répétons-le – exerçant son sens aigu de la nuance, de la vérité. En illustrant par de brillants exemples non seulement l’extraordinaire  richesse des expressions humaines, mais encore cette langue anglaise qu’il connaît au moins aussi bien que les plus familiers de ses trente idiomes qu’on hésite dans son cas à qualifier d’étrangers.

Dans Contre la pensée unique, fer de sa lance,  Claude Hagège dissèque le ressort et les mécanismes de l’hégémonie de l’anglo-américain. Et, en réveilleur, nous appelle au sursaut.
Il fonde son appel sur la confiance tirée de ses racines : celles des bords sud et est de la Méditerranée, celles de l’esprit français et parisien qu’il a absorbé et incarne à un haut degré, et sur son regard mondial qui lui fait voir et connaître les soleils levants et montants de l’Asie dont il ressent profondément le besoin qu’en ont l’Europe et – à nouveau – la France.
Chine, Japon, Corée, Indonésie : parmi toutes les routes de la mondialisation ancienne : du fer, du sel, des caravelles, sa prédilection va aux routes de la pourpre, de la soie et des épices.

Pour lui, comme pour nos associations qu’il ne manque jamais d’appuyer ou guider, on ne saurait se contenter du « Indignez-vous ! ». Il s’agit d’abord de donner aux peuples la pleine conscience de l’action des forces décrites, encore très puissantes, et de leurs supplétifs français, « collabos de la pub et du fric » selon Michel Serres.
Le mot d’ordre qu’il nous passe est  le « Résistez ! » que les prisonnières aux longues peines de l’enceinte d’Aigues Mortes écrivirent sur les murs de la tour de Constance.

Pour lui, comme pour nos associations, il est de la mission et du devoir quasi naturels de la France et des francophones de montrer la voie de la Résistance mondiale.

Albert Salon, docteur d’Etat ès lettres, ancien Ambassadeur, président d’Avenir de la langue française.

Contre la pensée unique, Claude Hagège, Odile Jacob, 2012.

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