En pleine rentrée scolaire (et littéraire), Daniel Picouly, se met en scène au théâtre pour la première fois, distillant son propre texte, une prouesse d’un auteur qui devient acteur pour une heure trente de plaisir. Cela donne « La Faute est ma langue maternelle » de et avec Daniel Picouly.
Les rôles se confondent car l’écrivain raconte son histoire, il joue sa propre vie de petit garçon de 10 ans qui devient grand, mais qui devient aussi et surtout un auteur de livres, récompensé pour ses écrits…et pourtant !
Il était une fois un petit garçon, nul en « h »orthographe, qui faisait 26 fautes ¾ à ses dictées, et ces ¾ font toute la différence, qu’un maitre qualifiait devant ses petits camarades de classe de « bête à manger du foin »…
Et toute la pièce est là dans ces mots qui ont été terribles pour lui mais aussi peut être déclencheurs d’une revanche ? Non, d’une passion qui va l’animer sans jamais le quitter, celle des mots qu’on assemble pour les mettre dans des histoires et qui s’appellent alors des livres.
Histoires dites à voix haute pour le plaisir de ces petites sœurs quand il jouait au grand frère, puis histoires couchées dans des livres pour ses lecteurs.
Il aurait pu mal tourner et se venger de ces mots cruels « bête à manger du foin », qu’il répète dans sa tête, en tuant l’instituteur, vengeance à laquelle il songe mais c’est trop facile, la vengeance sera autre…plus douce et plus habile.
Venez découvrir la suite de cette jolie histoire, tout simplement sa vie, dans ce tête à tête intimiste, entre lui et le petit garçon (ou la petite fille) qui lui pose des questions lors de ses rencontres en tant qu’écrivain, invité dans les écoles pour parler de son « métier ». Le spectateur attendri et attentif assiste à ces échanges, la pièce prend forme dans une mise en scène qui sent la craie et le tableau noir.
Une belle leçon… de vie à apprendre et à retenir, qui mêle la passion des histoires, une tendresse pour les parents très présents dans son éducation, une ode à la famille au sens large (il est onzième d’une fratrie de treize enfants), la valeur du travail, et l’amour de la lecture, le terme est choisi, il découvre Proust par « amour » d’une fillette à bouclettes.
Une belle émotion que nous livre du haut de son estrade, ce grand homme (1m85 la taille joue un rôle dans la pièce) qui explique qu’on peut aimer lire, tomber amoureux des auteurs, jouer avec les mots en les assemblant, même si on a été nul en orthographe et qu’on nous l’a fait savoir « très bêtement ».
Un moment optimiste et rafraichissant à consommer sans modération et ce, toutes générations confondues.
Pour mémoire, en 1996 il reçoit le Prix des Lectrices de ELLE
Françoise Verny l’incite à écrire l’histoire de sa famille et son premier roman autobiographique Le Champ de personne, chez Flammarion, recevra ce Prix. Le début du succès.
Marie Terry
La Faute d’orthographe
Théâtre TRISTAN BERNARD
64 rue du Rocher – 75008 Paris
Tél : 01 45 22 08 4
Mise en scène de Marie Pascale OSTERRIETH
Ce spectacle a été joué au Festival d’Avignon 2012.
Le texte est édité en septembre 2012 (Editions Albin Michel)
Du mardi au vendredi à 19h et samedi à 16h.
Poster un Commentaire