L’aube et le crépuscule sont les heures qui siéent le mieux à l’ architecture niponisante du Louvre-Lens, ce nouveau lieu de l’Art élevé aux pieds des terrils les plus hauts d’Europe, qui ressemblent étrangement à de noirs Fuji Yama .
Bienheureuse simplicité de cette édifice zen, fluide et insaisissable, où la lumière rasante s’infiltre par toutes les baies vitrées pour traverser, en jouant, les murs transparents qui forment le cloisonnement intérieur de cette grande halle. Le visiteur est invité à pérégriner dans un lieu où à l’on ne sait plus ce qui est reflet ou matière, intérieur ou extérieur.
À cette heure qui sert d’écrin à l’architecture de Kazuyo Sejima et Ryüe Nishizawa, aux jardins de Catherine Mosbach, on apprécie la délicatesse toute japonaise des arrêtes du bâtiment dont les trois parallépipèdes sont en réalité légèrement concaves ou convexes.
Pour apprécier pleinement le lieu, il faut que vous admettiez que ce n’est pas un musée mais une gare, un aéroport où se croisent les voyageurs amateurs d’art et des œuvres, choisies parmi les plus belles du Louvre, par quelques conservateurs inspirés qui en composent des bouquets éphémères.
En parcourant la galerie du temps vous ferez une expérience qui n’a pas d’équivalent encore dans l’histoire. Dans un espace sans cloisons vous remonterez le fleuve de l’histoire de Sumer au 19ème siècle. Vous passerez avec une grande aisance entre sculptures, peintures et objets emblématiques de chaque époque, à votre hauteur, à votre portée, presque palpables mais magnifiées cependant. Tout ce Grand Art semble soudain s’être rapproché de vous. Il est à vous !
On se pose la question des influences réciproques à l’origine de ce nouveau mode de monstration. Une sorte de ressemblance apparaît entre les méthodes d’exposition des marchandises vintage, tels que les sacs Vuitton dans le prestigieux magasin des Champs Elysées et celles des objets d’art dans les grandes expositions. D’où vient l’idée ? Est-ce le fait des conservateurs de musée ou des professionnels du haut marketing ?
C’est réciproque sans doute… Andy Warhol disait de façon prophétique : « Tous les grands magasins vont devenir des musées et les musées des grands magasins »
Cela n’empêche que le voyage à Lens est une belle expérience et qu’il y a du nouveau dans la manière d’appréhender l’histoire de l’art.
Aude de Kerros
Musée du Louvre-Lens
6 rue Charles Lecocq
B.P. 11
62301 Lens Cedex
www.louvrelens.fr
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