Sept bonnes raisons de croire à l’au-delà

/Le Docteur Charbonnier, anesthésiste-réanimateur, est devenu un médecin médiatique. C’est bon signe car, dans le cadre de son métier, il s’est pris de passion pour les expériences « paranormales », devenant en une vingtaine d’années l’un des meilleurs spécialistes des NDE (Near Death Experience), par lui baptisées EMP : « expérience de mort provisoire », faisant du même coup honneur à la langue française, réduite à sa portion congrue dans la littérature scientifique internationale.
Loin de la coquetterie linguistique, l’adjectif « provisoire » revêt une importance cruciale car il traduit que la personne vivant une EMP est réellement morte (électroencéphalogramme totalement pendant une durée plus ou moins longue). Or, affirment ses contradicteurs, on ne parviendrait, au mieux, qu’au seuil du trépas.

Le Docteur Charbonnier, très documenté, a une solide expérience de terrain et maîtrise une vaste bibliographie. Auteur de plusieurs ouvrages (dont les Histoires incroyables d’un anesthésiste-réanimateur aux éditions du Cherche-Midi en 2010), il signe ici un livre riche rédigé dans un style agréable et clair, réussissant à faire dialoguer science et spiritualité dans la sérénité, sans verser dans le sensationnel ou le jargon technique rebutant. Il transmet son savoir avec aisance et efficacité. Tantôt démonstratif, tantôt émouvant, il montre et démontre la réalité des faits.

On estime à 60 millions de personnes ayant vécu une EMP. Voici une trentaine d’années, personne – ou presque – ne confiait de telles histoires, par peur du ridicule, sinon de l’internement psychiatrique. Grâce aux pionniers (Moody, Kübler-Ross, Rong) puis à leurs disciples (Brune, Elsaesser-Valarino, etc.), les EMP sont désormais connus du grand public.

Mais le « grand » public ne fait pas la science et l’université française ignore superbement ces expériences. Charbonnier, électron libre, a le courage d’ouvrir et de suivre ce dossier, mettant sa liberté, sa ténacité et ses convictions au service de la question qui taraude depuis 100 000 ans : y a-t-il une vie après la mort ?
Aucun doute, répond l’auteur, qui avance sept raisons de croire en une survie de la conscience post mortem, dont les « perceptions mortuaires » ou la puissance de la « médiumnité ». Au contraire du matérialisme, notre cerveau, dit-il, n’induit pas la « conscience », comme le foie secrète la bile. ‘Moi’ et matière grise sont deux choses différentes. Sinon comment expliquer les facultés surprenantes des sujets des EMP alors que leurs cerveaux sont alors ‘hors-service’ ? Et de quelle manière analyser le fait qu’un aveugle de naissance puisse voir lors de ces expériences ?

Charbonnier est convaincu et convaincant. Avec un louable souci d’honnêteté intellectuelle, il s’attaque aux griefs fournis par les partisans du scientisme du XIXe siècle, revu et corrigé à la sauce actuelle. Selon lui, les EMP ne sont ni dérèglements mentaux ni illusions d’optique mais des manifestations bouleversantes, dilatant l’être et la vie des personnes, au point de transformer leur regard de façon radicale.

Dans sa préface, le Docteur Chambon, psychiatre, parle de « l’utilité publique » de ce livre ! Il ne croit pas si bien dire ! La postface, du physicien Ransford, est plus ardue. Je l’ai lu et relu plusieurs fois avant de mesurer la profondeur rare de sa pensée. Cela ne m’étonne pas. J’ai connu le professeur Olivier Costa de Beauregard, disciple de Louis de Broglie, homme charmant et distingué, d’une science sans égal. Lorsque vous lui demandiez de parler de ses recherches, il tenait un discours dont la complexité conceptuelle et l’élévation philosophique vous arrachaient hors de vous-même jusqu’à vous faire perdre pied. Or, Ransford partage des préoccupations identiques : la physique quantique et ses incidences sur la « métaconscience » !

Je comprends mieux Charbonnier que j’aime lire et écouter. Il sait aborder une interrogation métaphysique essentielle avec pédagogie et sens critique, loin des passions débridées, des présupposés philosophiques et des vociférations superficielles ; bref, comme un authentique cartésien.
Au pays de Descartes, les Français méritent de savoir que la vie ne s’achève pas dans un néant intellectuellement impensable, et que le divin n’a pas encore été trouvé sous un scalpel !

Docteur Jean-Jacques Charbonnier, Les Sept bonnes raisons de croire à l’au-delà. Le livre à offrir aux sceptiques et aux détracteurs, Paris, Guy Trédaniel, 2012, 18€.

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