Pas besoin d’intervention chirurgicale pour obtenir un corps de rêve qui réponde aux canons de la mode !
Au XVIe siècle, affinez votre taille grâce au corset, au XIXe, enfilez votre crinoline ou votre « tournure », dessous tous plus ingénieux les uns que les autres.
Alors quoi de neuf en matière de lingerie au XXIe me direz-vous ? Aurait-on perdu en créativité ?
Je n’irai pas jusque-là car si le maintien des femmes du XVIe au XIXe est irréprochable, si les mécanismes qui se déploient sous nos yeux tout au long de l’exposition nous éblouissent, certaines armatures font froid dans le dos au sens propre comme au sens figuré. Il n’y a pas à dire, le « push up » a largement gagné en confort.
Vous l’aurez deviné, le public est essentiellement féminin, même si on y apprend que les hommes trichaient tout autant que les femmes pour mettre leurs atouts en valeur. Étonnamment, chez nos ancêtres, la virilité reposait autant sur les parties génitales que sur les mollets ! Mais vous n’avez pas fini d’être étonné.
En effet, deux belles surprises vous attendent. La première consiste en une révision des plus grands classiques du cinéma. Ces projections tombent tout à fait à propos et offrent l’occasion de revoir tour à tour Jean Reno dans Les Visiteurs, arborant sa plus belle coquille, Scarlett O’Hara ficelée dans sa robe de bal, Louis de Funes travesti, dans La Folie des Grandeurs, Jean Gabin, etc.
L’autre idée lumineuse qui plaira principalement aux femmes consiste en un essayage en toute liberté de jupons, corsets, « faux-culs » et autres attirails des siècles précédents. Chacun et chacune aura donc l’occasion soit de compatir et de s’apitoyer sur le sort de nos ancêtres en clamant que le jogging est vraiment une belle invention, soit de se sentir (enfin !), pour cinq minutes, dans la peau d’une Scarlett ou d’une Sissi. Critiquez mais testez la crinoline ; car l’essayer n’est pas forcément l’adopter.
Si les codes vestimentaires au cours des siècles précédents imposaient des formes à tout prix, des manches aux hanches, en passant par les plastrons, nous sommes au XXIe siècle aux antipodes de cette tendance.
La transition entre ces tendances a d’ailleurs été entamée avec Madeleine Vionnet (magnifique exposition en 2010 mise en scène par Andrée Putman aux Arts Décoratifs) qui prônait l’émancipation de la femme en rejetant définitivement le corset, symbole d’emprisonnement du corps féminin. Libération symbolique certes, mais il n’en reste pas moins que la mode est un tyran, à chaque génération.
Pour en revenir aux détails pratiques, notez que l’exposition n’est pas exempte d’embûches. Veillez à emporter une loupe et une lampe de poche afin de déchiffrer en toute tranquillité les légendes des costumes, sans risquer de trébucher sur certains visiteurs accroupis dans la pénombre. Pénombre oblige, il faut respecter les tissus vieux de quatre siècles ! Mais vous êtes avertis, si vous n’êtes plus sûr de votre souplesse, abstenez-vous. Ou bien, une fois n’est pas coutume, plaignez-vous. Pourquoi diable les légendes sont toujours si petites et si basses ?
Ceci étant dit, dans l’ensemble la scénographie est réussie avec une abondance de costumes et de lingeries. Tout ceci prend fin sur une intéressante vue d’ensemble des différentes morphologies érigées en modèle du XVIe au XXe.
La Mécanique des dessous, sorte d’ode aux formes féminines.
À vous de trouver à quelle époque vous auriez fait fureur !
Jeanne de Guillebon
Pratique :
Exposition La Mécanique des dessous, une histoire indiscrète de la silhouette au Musée des arts décoratifs, du 5 juillet 2013 au 24 novembre 2013
107, rue de Rivoli – 75001 Paris > Téléphone : +33 01 44 55 57 50
Métro : Palais-Royal, Pyramides, Tuileries
Ouvert du mardi au dimanche de 11 h à 18 h
(Nocturne le jeudi jusqu’à 21 h : Seules les expositions temporaires et la galerie des bijoux sont ouvertes)
Entrée > plein tarif : 9,50 € > tarif réduit : 8 €.
Légendes : 1. Panier à coudes articulé, vers 1770, et corps à baleines, vers 1740-1760, Paris, Les Arts Décoratifs, collection Mode et Textile et dépôt du musée de Cluny © Patricia Canino
2. Faux-cul dit « strapontin », 1887, Paris, Les Arts Décoratifs, collection UFAC © Patricia Canino
3. Corset, vers 1860-1870, Vancouver, collection Melanie Talkington © Patricia Canino
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