Un Pékin en Afrique

/Quand l’humour est en péril, vient le malheur. Pour conjurer le mauvais sort, S.J. Perelman s’installe dans l’insolence en continu.
Dans Un Pékin en Afrique, le scénariste des Marx Brothers considère le respect comme une sorte d’aveuglement. Celui qui a le pied marin ne l’a pas nécessairement sur terre ferme.

Perelman mine les certitudes, sape les solutions, ambitionne la désinvolture, rit sous cape lorsqu’on lui parle de solutions aux problèmes. Mieux vaut mentir avec élégance que d’écouter la vérité débitée par un rustre.

Un brin de délire donne du piquant aux nouvelles de Perelman. Si le lecteur patauge, c’est qu’il n’est pas équipé du côté de l’intelligence. S’il n’établit pas le rapport entre deux saillies, l’humoriste répond qu’il suffit de les établir.
L’homme ordinaire est un être hébété, Perelman s’adresse aux esprits supérieurs qui n’ont pas besoin d’entendre la fin d’un discours pour en saisir la substantifique moelle. Vous faîtes allusion à quoi, s’insurge le lecteur obligé de faire travailler ses petites cellules grises ? L’homme d’esprit ne répond pas, change de sujet. Autrement dit, pour reprendre ces mots tirés de l’autoportrait de Lord Byron : « Il y avait en lui un vital dédain de tout ».

A-t-on le droit de tourner tout et n’importe quoi en dérision y compris les sujets dits sensibles ?
Perelman (1904 – 1979) répond que non seulement c’est un droit, mais un devoir, si on ne veut pas se retrouver au fond d’une tranchée face à l’ennemi.

Alfred Eibel
Un Pékin en Afrique, de S.J.Perelman, Éditions Wombat, 231 p. 18 €.

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