C’est le printemps, les bulles éclatent

Par Michel Dovaz*

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Pour la fête des pères, faisons pétiller leurs yeux… avec une coupe de bulles.
Pour CultureMag, Michel Dovaz vous guide dans le monde des méthodes traditionnelles. Pour toutes les bourses !

Si toute la France s’est mise aux vins rosés, les bulles ne sont pas en reste.
Tant du coté producteurs que du coté consommateurs, les vins effervescents, entendez par là les crémants, pétillants, voire mousseux, sont bus partout et vinifiés dans toutes les régions, pour ne rien dire du champagne dont le succès ne se dément pas.

Il va de soi que le caractère commun de tous ces vins est de contenir du gaz carbonique. Certains d’entre eux sont issus des mêmes cépages que le champagne, la plupart naissent de la même technique de vinification (la prise de mousse), mais évidemment de terroirs différents, d’où des vins dont les caractères s’affirment.

Commençons par quelques champagnes,  des champagnes de récoltant-manipulant, identifiés (mention obligatoire) par les deux lettres RM.
Ces champagnes sont moins « uniformes », on pourrait dire « standards » que les bruts-sans-année des grandes marques (NM=négociant-manipulant).
Les champagnes ci-dessous appartiennent au groupement

Les Champagnes de Vignerons :

Godmé Père et Fils (Verzenay)
dégustation intéressante de 3 champagnes  3 cuvées de cépages purs (100%), les 3 cépages
principaux de la Champagne, tous les 3 de 2005
Les Romaines 100% Meunier  Rondeur simple, »obstiné » persistance moyenne
Alouette Saint Best 100% chardonnay Joli nez puissant, fin, typé assez long
Les Champs Saint Martin 100 pinot noir Fruité,  entier touche amer, bonne longueur

Marcel Deheurrles (Celles-sur-Ource)
Céleste 100% Pinot Blanc, cépage rare-vendange 2008 touche de bois, plein longueur ?
« 2005 » ¾ Chardonnay ¼ Pinot noir dosé 9gr (trop !) champagne de repas
Opale & Sens 100% Chardonnay-vendange 2008 attaque souple, élégant, jolie finale
Chez Antoine,(10 Av de New York Paris XVI) un champagne de haut-luxe signé Bruno Paillard, la cuvée « Nec Plus Ultra » 1999 pour soutenir une Noix d’Entrecôte de Normandie-jus d’Huîtres, une réussite totale, puissance, finesse boisée, longueur…

Prestige encore, le dîner au Château de Versailles glorifiant les Perrier-Jouët Belle-Epoque, la cuisine française, la cuisine japonaise et les légumes… Pourquoi Versailles ? Parce que Pernord Ricard , propriétaire de Perrier-Jouët est mécène au Château.  Pourquoi ces deux cuisines et les légumes ? Parce que Le potager du Roi ( Versailles) est jumelé avec un potager prestigieux de Kyoto (Japon). D’où ce que l’on appelle une cuisine à quatre mains, expression impropre car deux cuisiniers préparent deux repas servis simultanément et en parallèles, un  cuisinier champenois A. Lallement (2*) et un cuisinier japonais célèbre, Y. Satake sont responsables d’un seul repas qui est double ( !)
On oublie trop souvent que le champagne est un vin de repas et comme tel doit tenir sa place avec les mets, comme par exemple avec ce Mijoté de dorade royale, ses légumes de Kyoto et ses sauces japonaises riches et typées idéal avec un magnum de Belle-Epoque 2004 élégamment puissant et dont la complexité se joue des entrecroisements aromatiques.

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La Maison Nicolas Feuillatte suit le calendrier avec une attention particulière pour les papas : le Brut Réserve édition X’PLORATION by Nicolas Feuillatte, l’expression même du style Nicolas Feuillatte, dans une ravissante bouteille noire et or évoquant le voyage…
Élégant et complexe, délicat, fruité aux notes épicées, il sera le Champagne idéal de l’apéritif au dessert. Il s’associera aussi bien avec des produits de la mer que des plats aux accents exotiques. A prix, précisons-le, plutôt doux : 24€.

Pour en terminer avec le champagne (provisoirement), disons quelques mots d’une Maison moyenne (tout de même un million de bouteilles annuellement), le champagne Cattier, disposant d’un vignoble de 33 ha, donc disposant du statut de Récoltant-Manipulant (RM). Ce statut interdit l’achat de raisins à des tiers ; Si une Maison veut se développer, elle doit donc acheter des vignobles, ce qui est presque impossible, ou changer de statut et devenir Négociant-Manipulant (NM), ce que la Maison Cattier a choisi en 1978.
Bien lui en a pris, car en 2006, Jean-Jacques Cattier lance une autre Marque, Armand de Brignac dont l’évolution imprévisible, inattendue, n’aurait pu être envisagée sans ce nouveau statut. Jean-Jacques Cattier, en lançant sa nouvelle marque songeait à une production exprimée en millier ou dizaine de milliers de bouteilles, or aujourd’hui Armand de Brignac a investi 120 pays !
Ce succès est dû au hasard et à l’opportunisme, son créateur demeure d’un calme olympien face à ce conte de fée. Tout est parti des « rockers » aux USA qui ne buvaient que du Cristal de Roederer. Un propos inapproprié (ne donnons pas de nom) de Roederer déplorant la nature sociale de ce type de consommateur a eu une conséquence extraordinaire : les rockers ne boiront plus une seule bouteilles de Cristal..

C’est alors que l’inconnu Armand de Brignac survient.
Il est adopté. Puis tout s’enchaîne, Armand de Brignac est sacré « meilleur champagne du monde (Fine Champagne Magazine) », bla-bla-média. Qui va dire le contraire, qui le connaît ? Une information reprise partout. Elle  a l’avantage de l’inédit et de la découverte. Par la suite, les sportifs l’adoptent également. Un lancement réussi, inespéré.

La gamme Armand de Brignac
Brut Gold (les 3 cépages), Rosé (Blanc teinté par un vin rouge de pinot noir).
Blanc de Blancs (chardonnay grand cru de Cramant, d’Avize et d’Oger)
et une petite production de Clos Yvon ( ?)
La marque Cattier embouteille 19 cuvées. Les dernières nouveautés concernent le Clos du Moulin rosé, le Blanc de Blancs Signature (agrumes et fleurs blanches) et un rosé. pale d’une grande fraîcheur aromatiques. Les habillages sont soignés, les prix soutenus.

Champagne de grande distribution : le Galucha
Franprix lance une gamme de champagne élégant aux bulles aussi légères que le prix. La Cuvée Spéciale Galucha Brut est le fruit de l’assemblage parfait des trois
cépages de la région champenoise : un tiers de Pinot Noir, un tiers de Pinot Meunier et un tiers de Chardonnay. Une belle harmonie entre les différents caractères de ces cépages avec un beau fruité. Le second Galucha, rosé, exprime une fraîcheur idéale pour l’apéritif avec ses 60% de Pinot Noir, 30 %
de Chardonnay et 10% de Pinot Meunier.
Ce champagne tire son nom du cuir éponyme très utilisé en maroquinerie. À mi-chemin entre le cuir et le végétal, le Galuchat ou « cuir de poisson » est réputé pour sa finesse et son aspect perlé, légèrement scintillant. Habillées en bleu nuit pour le champagne Brut et rose poudré pour le Rosé, les bouteilles sont habillées d’entrefilets or pour un effet encore plus chic. (S.B.)

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Les Crémants

Les producteurs de Crémants ont eu la bonne idée de créer une fédération réunissant les 7 syndicats des AOC Crémant (Alsace, Bordeaux, Bourgogne, Die, Jura, Limoux, Loire)
La méthode d’élaboration est sensiblement celle appliquée en Champagne (ex méthode champenoise, appelée aujourd’hui « méthode traditionnelle »).

Quelques vins :

Limoux

C’est en 1531 que les vins de Limoux vont entrer dans l’histoire lorsque les moines Bénédictins de l’Abbaye de Saint-Hilaire, une commune voisine de Limoux, produisirent le premier vin effervescent au monde…la Blanquette de Limoux venait alors de naître.
Les premiers écrits mentionnent la présence de la Blanquette de Limoux alors servie à la cour du seigneur de la région : le Sieur d’Arques. Ce dernier avait pour coutume de lamper des « Flascons » de blanquette pour fêter dignement ses victoires.
Quatre siècles plus tard, en 1946, forts de cette anecdote historique les vignerons fondateurs baptisèrent leur cave : Sieur d’Arques.
Les œnologues et vignerons de Sieur d’Arques l’ont bien compris. Pionniers dans la sélection parcellaire, ils se sont engagés depuis plus de vingt ans dans une démarche qualitative et novatrice, mettant en évidence 4 grands terroirs et ne sélectionnant que les parcelles pour lesquelles les paramètres de microclimats, de sols, de topographies et d’altitudes sont adaptés à la production de raisins sains et mûrs.

Autres Limoux :

Antech Grande cuvée 2011 Blanc Brut (chenin/mauzac)  Complet, homogène
Jean-Louis Denois 2009 Blanc Brut   non dosé, touche d’amertume

Alsace

Wolfberger  Riesling, Blanc Brut, lisse, fin, belle finale. Très bon.
Cave de Hunawhir  Calixte – Blanc de noirs (pinot noir) Se boit et se mâche. Equilibré .
Frey-Sohler 2010 – Blanc de noirs, fruité, moins ample que le précédent
Dopff au Moulin  chardonnay  Blanc Brut  Belle facture, joli fruit. Bien.
Gruss Bernard & Fils – Prestige – Blanc Brut  Entreprenant, conquérant, solide.

Bourgogne

Caves de Lugny – Blanc de Blancs – chardonnay complet, fraicheur, jolie finale
Vitteaut Alberti – Blanc de Blancs Brut  Très joli nez, bouche cohérente
Domaine Roland van Hecke – Virtuose Blanc Brut ¾ pinot,1/4 Ch  Rondeur due au dosage

Jura

Rolet P & F  2011 – Blanc Brut  construit, classique
La Maison du Vigneron 2010 Blanc de Blancs – chardonnay  franc, viril
Domaine Désiré Petit  Rosé Brut Pinot- pressurage direct. Clair, saumonné, du fruit.

Loire

Ackerman – Blanc de noirs Brut  bonne vinifibatio,, fraicheur fine
Domaine du Tertre 2009 Blanc Brut – dosage 2 gr – franc, sérieux, direct
Domaine de la Paleine  Blanc Brut  grande mousse, puissant ½ fin
Cave Robert et Marcel   Saint-Cyr
Vaste choix, 3 crémants (Héritage, La Perrière, Brut) des vins complexes, aromatiques, briochés
et un mousseux (VMQ)étrange, pour terminer :Rouge 1/2sec (45 gr/l), fruité mûr, fraise

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