Les livres de Patrick Besson ont cette légèreté de ton à laquelle on s’abandonne plaisamment par les temps pour le moins curieux que nous vivons.
Son dernier roman, Puta madre, se lit comme un bon polar : de l’action, des personnages colorés, du sexe, un verbe acide et une bonne dose de dérision.
L’histoire est celle d’un petit scénariste à succès qui se retrouve seul dans un hôtel mexicain pour touristes occidentaux parce que sa femme a refusé de l’accompagner après une énième infidélité.
Il tombe sur un cinéaste américain de grand renom qui lui demande son aide pour résoudre une affaire délicate et le voici embarqué dans une histoire qui passe évidemment par les cases narco-trafiquants, prostitution, violence, grosses cylindrées. C’est attendu, mais très bien amené, grâce à la légèreté du style et à l’ironie mordante de l’auteur.
Déplacements, qui est paru dans la collection « Le sentiment géographique » de Gallimard est, dans une veine un peu similaire, un recueil de textes et d’aphorismes sur les pays visités par notre écrivain-journaliste. Propos légers qui en disent plus longs sur les peuples et les territoires que tous les guides touristiques et les documentaires télévisés, car l’avantage de l’écrivain est qu’il parle en son nom propre, c’est-à-dire au nom de chacun de nous, s’adressant à la part intime de l’homme, quand le documentariste ou le reporter moderne en reste aux généralités, aux chiffres et aux faits. L’écrivain est toujours plus proche de la vérité que le reporter ou le sociologue, cela, nous le savons au moins depuis Stendhal – pour ne pas dire depuis Homère.
Ainsi lors d’un voyage en Iran : « Elle montre ses cheveux un peu, le soir, comme si c’étaient ses jambes, puis elle rabaisse son foulard comme si c’était une jupe. » Ou : « Dans les bus non mixtes, les hommes ont l’air puni. »
Et au Congo : « En Afrique, tous les blancs me ressemblent. » Et encore : « Henri m’explique que les Blancs n’ont pas créé de trottoirs à Brazza car ils ne marchaient pas dans les rues. Je lui dis que depuis mon arrivée, j’ai vu un seul Blanc marcher dans les rues : moi. »
Patrick Besson, Puta madre, La Petite Vermillon, éditions de la Table ronde, 191 pages – Déplacements, Le sentiment géographique, éditions Gallimard, 126 pages
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