Escale à Nîmes II

En parcourant la Provence romaine : escale à Nîmes. Second volet de notre escapade  sudiste dans CultureMag.

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Précédemment nous vous avions invités, si vous parcourez cette superbe province bénie de Dieu et des dieux gréco-latins, à visiter ce magnifique Musée d’Arles qui bientôt recevra son pendant à Narbonne, capitale de la Narbonnaise du temps des Césars romains.
Aujourd’hui, nous vous invitons à poursuivre votre itinéraire en partant à la découverte d’une autre cité gallo-romaine du Sud de la France : Nîmes
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Elle devrait elle aussi recevoir dans les années à venir, « son Musée de la romanité ». Son ouverture est prévue en 2017, si la crise le permet. Situé à deux pas des arènes romaines, son architecture sera une fois encore une incongruité comme celle de la médiathèque qui a été élevé dans cette cité à la place de la superbe colonnade de l’ancien théâtre municipale, malgré les protestations des habitants et des gens de goût qui avaient signer une importante pétition demandant que l’élégante colonnade soit englobée dans le projet de l’architecte anglais, Norman Foster.
Antidémocratique s’il en fut, le marchand de chemise Cacharel, premier magistrat de la cité nîmoise, n’a eu que faire des protestations de ses administrés. En bon vandale affairiste, ce marchand de chemise a livré l’élégante colonnade qui voisinait avec celle de la Maison carré, à la pioche des démolisseurs ; bien qu’elle fut classée « Monument historique ». Et sans doute par mauvaise conscience de son « crime », il l’a fait remonter sur l’aire d’autoroute de Caissargues où elle a l’air « bien paumé ».

Le Grand théâtre municipal construit par Meunier avait été construit au début du XIXe sur un terrain volé aux Récollets spoliés par la première République et la Révolution qui l’engendra. Lors de son édification, de par son emplacement face à la Maison Carré : « Il fut ordonné aux architectes, contactés pour un concours, de faire un monument dont la façade, rappelant l’antique, fit cependant ressortir la grâce de la Maison Carrée, sans l’écraser .

« C’est cette relation entre les deux monuments que Christian Devillers, consulté par la Commission des Monuments historiques lors de la construction du Carré d’Art, rappelaient parmi les auteurs d’un catalogue d’exposition sur les théâtres du XVIIIe siècle. Il y signalait : « Une des plus belles compositions néo-classiques où cohabitent, dans un rapport particulièrement subtil, le modèle romain et son miroir néo-classique » (Projet Urbain. P. 11).
Malgré cela, la municipalité Cacharel faisant preuve de son absence totale de goût, à détruit  « une des plus belles composition néo-classiques » qui fut pour imposer les structures de métal et de fer de l’architecte anglais qui auraient très bien pu s’adapter avec la colonnade, ce que de nombreux pétitionnaires avaient demandé pour soutenir un projet qui avait été proposé. Non, c’est la voie du vandalisme qui a été imposée autoritairement par anti démocratisme, le pouvoir d’une mairie heureusement battue aux élections suivantes. C’est le même vandalisme que s’apprête à faire l’actuelle municipalité Fournier avec le Musée de la romanité.

Certes on peut aller admire les ruines mutilées de la ruine du théâtre construit de 1798 à 1801, date à laquelle il fut inauguré bien qu’il ne fût pas achevé. Rajoutée en 1827 pour décorer la façade principale du Grand Théâtre municipal décoré par Lesueur de 1500 places, la colonnade dressait ses 10 magnifiques colonnes doriques, face à la à la Maison carrée pour s’inscrire dans l’environnement romain du vieux temple, les architectes ayant reçu l’ordre de faire un bâtiment rappelant l’antique pour souligner la grâce de l’antique bâtiment. Espérons qu’un jour, un édile éclairé fera revenir la belle colonnade corinthienne, devant la façade disgracieuse ici, de la médiathèque en ferraille et verre.

Durant plus de 150 ans, l’activité du théâtre avait été intense, surtout dans le domaine lyrique, jusqu’ en ce jour funeste du 27 octobre 1952, une chanteuse belge de second plan venu à Nîmes pour faire auditionner son beau-fils, mit le feu au théâtre « pour donner une leçon au directeur » qui avait été refusé. Très rapidement, le magnifique théâtre à l’italienne fut entièrement détruit. Seuls s’élevaient encore ses murs extérieurs dont la magnifique colonnade qui fut sauvegardée jusqu’au vandalisme précité, aussi criminel que celui de la malheureuse.  Ce vandalisme municipal qui aurait pu être évité ayant été signalé, il convient de saluer l’idée de ce « Carré d’art » qui reste derrière sa façade anachronique, un monument de culture pluridisciplinaire.

Une monstruosité architecturale

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Le vandalisme municipal s’apprête à sévir à nouveau sur la cité historique avec la création d’un Musée de la Romanité. Certes l’idée aurait pu être bonne, les sous-sol de Nîmes et de sa région regorgeant de monuments romains. Mais alors que l’environnement des monuments historiques est soigneusement protégé pour les particuliers, celui-ci est à  la porté de tous les vandalismes quand il s’agit des autorités.
D’une architecture résolument « contemporaine » (sic) et audacieuse plutôt qu’intemporelle et s’adaptant à l’environnement,  le Musée de la Romanité de Nîmes aurait été pourtant une bonne idée, voir une nécessité, le Musée archéologique étant devenu trop étroit pour présenter les collections sans cesse croissantes par les découvertes récentes des archéologues. Un concours a été lancé, et remporté par Elisabeth et Christian de Portzamparc. Nous ne critiquons pas leur projet, pour lui-même, mais la culpabilité de la Mairie de Nîmes, qui une fois encore offense le gout par l’érection d’une telle architecture juste en face de la superbe architecture romaine de l’amphithéâtre, alors que sa place eut plutôt été dans un quartier tout proche, triste et sans intérêt au delà de la rue « Porte de France ». On peut aussi s’interroger de l’inoccupation de certaines galeries des arènes. Une brochure éditée par la mairie, tente de justifier son choix par une litanie de propos lénifiants comme celui de « renforcer les liens entre une population  du XXIe  siècle et son riche passé romain. »

Cette monstruosité architecturale qui témoigne d’un manque de gout et d’une  ignorance esthétique de formation, sera malgré tout une excellente vitrine pédagogique pour faire découvrir le patrimoine antique de Nemausus, à travers la présentation de collections exceptionnelles et des vidéos évoquant les monuments disparus reconstitués.

Nîmes romain aujourd’hui.

Attendons donc avec circonspection ce « beau » projet qui défigurera l’environnement des Arènes et visitez l’intéressant Musée archéologique situé en plein cœur de la ville ancienne.
Face à l’emplacement de la colonnade disparue,  la Maison Carrée a été restaurée dans sa blancheur initiale au milieu d’une belle place sur trois côtés. Ni maison, ni carrée, elle se trouve à l’intercession des voies Domicienne, du nom du général Domitius Aenobarbus. La première reliait Rome à l’Espagne, la seconde partait vers le Nord. On comprend ainsi l’importance de Nemausus, nom romain de Nîmes, dans la civilisation du Midi. Longue de 26 m de profondeur sur 15 de large et 17 de haut, elle est manifestement rectangulaire. Son curieux nom lui vient de domus quadrata, pour dire construite avec des angles droits. Ce fut d’abord un temple consacré à Lucius Caïus, fils d’Agrippa, général romain, gendre et ministre préféré de l’empereur Auguste. Plus tard, elle fut occupée par des religieuses qui refusèrent de  la concéder à la duchesse de Crussol d’Uzès qui voulait la transformer en tombeau pour son époux au milieu deux hôpitaux qu’elle aurait fait construire pour les pauvres. Aujourd’hui visitable, elle présente dans ce qui fut la cella (chambre consacrée à la divinité) de 15 marches aux visiteurs un intéressant spectacle vidéo « Héros de Nîmes », projeté toutes les demi-heures, par petits groupes de 20 personnes. Ainsi vous revivrez par l’image, la vie des Nîmois dans la cité romaine, le culte impériale et le passé héroïque de la région.

Les Arènes, d’arena (sable) , parce que sa piste en était recouverte, ont été construite à la fin du 1er siècle, peuvent se visiter avec un audio-guide qui fait revivre une journée de spectacle à l’époque gallo romaine et raconte l’histoire de l’amphithéâtre, de sa construction à la nos jours. Vous découvrirez le « Quartier des gladiateurs où sont présentées les armes et les techniques des gladiateurs ; l’espace « Couleurs des corridas », dédié à la beauté des tenues utilisées pour ces manifestations. Construit à cheval sur le 1er et le 2e siècle, cet amphithéâtre est très vaste et le mieux conservé du monde romain. Après l’interdiction des combats de gladiateurs en 404, il fut transformé en forteresse par les Wisigots qui bouchèrent les arcades,  ajoutèrent quelques tours, creusèrent un fossé et construire une petite enceinte dont quelques vestiges ont été retrouvés dans les sous-sols du palais de justice. Quelques arcades encore murées, témoignent des restes d’un château des vicomtes de Nîmes construit à l’intérieur de l’amphithéâtre. Lui succéda un village qui abritait encore 700 habitants au XVIIIe siècle. Il ne fut détruit qu’à partir de 1809, pour rendre au monument sa vocation première de courses de taureaux camarguaises, puis à partir de 1853, de corridas.

La porte d’Auguste, flanquée à l’origine de deux tours, elle ouvrait sur la voix Domitienne. Elle est constituée de deux larges passages réservées aux chars et de deux plus étroits pour les piétons.
Le temple de Diane qui n’en n’a jamais été un, n’a jamais confié avec certitude aux archéologues ce pour quoi il fut conçu, On sait toutefois avec certitude qu’il ne fut en rien un monument  religieux.  Ils pensent plutôt pour le riche vestibule de la demeure d’une maison luxueuse, parfois une bibliothèque ; pourquoi pas les deux. Il appartint longtemps à l’Eglise, jusqu’à sa persécution par les protestants en 1562 qui chassèrent les catholiques. Dès lors, abandonné, il connut une longue agonie qui le mena à  la ruine majestueuse actuelle,  dans les magnifiques jardins de la Fontaine de sa silhouette élancée.
Aménagé au XVIIIe siècle par J. Mareschal, un ingénieur militaire au pied et sur les pentes du mont Cavalier, peuplé d’essences méditérranéennes il forme un écrin de verdure à l’antique fontaine de Némausus qui s’étale en miroirs d’eau. Dans l’Antiquité gallo-romaine, voisinaient les thermes dont on aperçoit quelques vestiges, un théâtre adossé à la colline et un temple, véritable celui là.
Parmi les monuments romains à ne pas manquer, Le Castellum, est le bassin de distribution des eaux était le point d’aboutissement de l’aqueduc romain qui apportait depuis la source d’Eure, près d’Uzès, pour alimenter Nîmes
La Tour Magne qui domine toujours la ville, serait un des vestiges de la longue enceinte romaine qui entourait la cité. Elle est pourtant antérieur à la colonisation romaine. Depuis ses 34 m, on a de la plate-forme une très belle vue sur les toits de la ville.
Dans la vieille ville, des restes de monument romains sont incrustés ça et là dans la façade de vieilles maisons médiévales ou plus récentes, mais anciennes.  Beaucoup de bâtiments antiques ou anciens, retiendront votre intérêt comme la cathédrale romane Saint-Pastor.

Un autre jour nous vous inviterons à découvrir le magnifique site du Pont du Gard,  voisin de la cité pour laquelle il avait été construit pour l’alimenter en eau.

Pratique :

Quoique géographiquement sur la rive droite du Rhône, Nîmes est de culture provençale, comme Arles. Sur la ligne de chemin de fer de Paris à Perpignan où elle longe la voix domicienne ou de Paris à Marseille.
Il y a beaucoup d’activités culturelles ou pseudo culturelles à Nîmes. Vous en prendrez connaissance en consultant le site officiel de la ville
www.ot-nimes.fr

Vous serez magnifiquement renseigné sur le patrimoine de la cité, ses fêtes populaires, ses coutumes. Après l’avoir consulté utilement, allez donc découvrir cette cité, sans oublier que l’été il peut y faire très chaud.

Notes :
R. Clément, Les Théâtres de Nîmes au cours des siècles, Nîmes, 1986, pp. 9.20.

Christian Devilliers, « Il ne fallait pas démolir », Projet urbain, n°13, août 1998, p.11
Pierre Frantz et Michel Sajous d’Oria, avec le concours de Giuseppe Radicchio
Le Siècle des Théâtres, salles et scènes en France, 1748-1807, Avant-Propos de Jean Tibéri, Maire de Paris, Bibliothèque historique de la Ville de Paris, 1999, p. 125.

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