Tout doit disparaître

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Lecteur assidu de Spinoza, d’Ulysse de Joyce, lu et relu ; de Ludwig Wittgenstein le Tractacus logico-philosophicus, de Daniel Biga qui est un peu son Rimbaud, de La mort de Virgile de Hermann Broch, que vient faire alors Jean-Bernard Pouy dans La Série Noire

Lecteur de Ji Bé comme on l’appelle, dès ses débuts, je lui ai consacré un livre 1. Je regrette pour ma part de ne pas voir figurer dans ce Tout une réussite, l’air du temps, la belle de Fontenay.

« Styliste pusillanime » dit Pouy de son écriture.
Méfions-nous de ce genre de déclaration. Dans chaque moraliste sommeille un La Palice.  Jean-Bernard Pouy a bien compris cela.
Georges Perros, avec qui il a plus d’un point en commun, s’émerveillait de la façon dont Roland Barthes savait déshabiller une idée. Pouy ne prétend pas faire ce genre de travail ni concocter des aphorismes.
Il n’empêche qu’il jaillit de-ci de-là de ses romans une étincelle qui prend la tournure d’un jugement faussement péremptoire, la rage de celui qui bat le pavé. La fragilité d’une opinion, il sait en jouer, son aboutissement zigzaguant, sa formulation spectaculaire, la vanité de ce qui se veut définitif.

Dans ses romans fourmillent ces petits fours de l’esprit, succulents, amers, épicés ou fades, frappés au coin du bon sens pour mieux déstabiliser les pontifes de la morale. Perles ou bulles de savon ? Peu importe. Lider Maximo de l’absurde selon Lichtenberg.
Jean-Bernard Pouy montre à l’évidence qu’il aime écrire, « pouyser » au fond de l’instant fugitif.

Comme le disait Omar Khayam : « La caravane passe / Échanson verse nous à boire ».

Alfred Eibel

Jean-Bernard Pouy, par Alfred Eibel – Éditions Méréal Collection Mything, 1996.
Gallimard Série Noire
701 p. 24,50 €

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