Par l’Ambassadeur Albert Salon*
On veut nous faire avaler l’anglais – le globish – jusqu’à le substituer à nos langues européennes de culture, a fortiori aux autres.
L’empire et ses « collabos européens de la pub et du fric » (Michel Serres) veulent l’imposer, par tous les moyens dont l’empire dispose encore.
Le Figaro a pu intituler le 24 février 2016 un article : « La France fait tout son possible pour la suprématie de l’anglais ». Telles les oies, Européens et Gaulois sont gavés à la fois au hallal et au globish par subreptice, force, et loi. D’un côté : voile intégral, hallal et pouvoir d’Allah ; de l’autre poulet aux hormones, macdos, maïs aux OGM et pouvoir impérial par le globish : même combat, mêmes méthodes des prédateurs ; et mêmes inconscience et atonie suicidaire des cibles !
Tout se passe, dans les deux cas, comme si une planification était à l’œuvre, avec des états-majors à la manœuvre. La méthode : l’accoutumance progressive, devenant tolérance, puis acceptation, approbation, délectation, soumission, enfin disparition.
Le califat impérial états-unien (des EU) est la menace la plus immédiate. Mieux installée, elle rencontre le moins de défenses immunitaires. Le califat EU peut, lui, jouer à fond de la fraternité d’armes, de la prétendue communauté de civilisation, de la reconnaissance pour la Libération, et de ce qu’il appelle son « soft power », la « conquête des esprits».
Dès 1946, dans l’attribution du Plan Marshall, les EU ont imposé aux « libérés » des quotas minimaux de films de Hollywood sur leurs écrans ; ce fut 30%, en France, par les accords Blum-Byrnes. En somme, le Joueur de flûte (« Rattenfänger ») de Hameln qui entraîne notre jeunesse dans les flancs des Rocheuses. Gavage aux OGM, aux bons films comme aux séries B, au « globish ».
Dans nos écoles, on renforce sans cesse l’anglais précoce au détriment des horaires d’histoire, du latin et du grec qu’on assassine, des autres langues vivantes que l’on évince, ainsi que, de plus en plus, du français que l’on dégrade. Dans les universités et grandes écoles, l’anglais devient de plus en plus langue d’enseignement, au mépris de la Constitution et de nos lois, dont la loi Fioraso elle-même (22 juillet 2013). Celle-ci interdisait au moins d’offrir des formations diplômantes exclusivement en anglais.
Foin de cet amendement obtenu par nos amis parlementaires tant PS qu’UMP : des universités et grandes écoles pensant rester impunies en ont offert et les ont, par défi, annoncées comme telles uniquement dans cette langue.
Nos associations ont donc déposé en 2014/15 des recours collectifs, d’abord gracieux, puis juridictionnels. Nous attendons les jugements avec un vif intérêt, mêlé d’une sourde crainte, tant le rouleau compresseur est puissant…
On promeut l’anglais langue étrangère unique jusque dans le concours d’entrée à l’ENA : nos associations ont perdu le recours en Conseil d’État contre ce pur scandale.
Anglais presque seul aussi au colloque tenu en mai 2015 sur les « jeunes pousses », appelées « start ups » (« oups ! »), à l’Hôtel de Ville de Paris, là même où l’on fête chaque année non le carême, mais le ramadan.
Les publicitaires et les médias nous instillent langue et culture des États-Unis à haute dose, jusqu’au « 20 heures » des principales chaînes, bien nommées.
Les affiches de films étrangers sont en anglais; les titres et marques de diverses manifestations, entreprises, rencontres, jeux vidéo, pourtant français, sont imposés en anglais. Cette langue est partout.
Vaste entreprise de démolition de la France, de sa langue, de sa culture ; de soumission à tout ce qui peut contribuer à la tuer. Il faut éveiller les consciences. Comme le refus de « bouffer hallal », il faut le refus d’obésifier au « macdococa » et d’être gavé de ce qui va avec.
Résistez ! Rejoignez notre Résistance.
**Albert Salon, docteur d’Etat ès lettres, ancien ambassadeur, président d’Avenir de la langue française et coordinateur de réseaux francophones nationaux et internationaux.
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