Les journées du patrimoine auront lieu les samedi et dimanche 21 et 22 septembre prochains.
En 2019, il s’agit de la 36ème édition. Cette durée prouve combien il était utile qu’elles soient créées.
Le thème officiel de l’année, est Arts et Divertissements. Notons que les deux mots
sont mis au pluriel ce qui est, certes dans l’esprit du temps où le particulier et l’individuel semblent toujours l’emporter sur le collectif et le général, mais qui n’est pas sans importance pour le patrimoine tant celui-ci est divers.
Selon la belle formule lancée dans les années 1960, au temps de la création de l’Inventaire général du Patrimoine, celui-ci recouvre un champ allant de la petite cuillère à la cathédrale. Il y en a donc vraiment pour tous les goûts et cela recouvre beaucoup d’arts différents, des beaux-arts aux arts et traditions populaires tout comme de nombreux « divertissements » car les approches peuvent être aussi bien des plus
scientifiques aux plus ludiques.
Comme il s’agit d’une manifestation qui, le plus souvent, est portée bénévolement par des passionnés, le catalogue de ce qui sera présenté durant ces deux jours est large. Les DRAC mettent les principales manifestations en ligne permettant à tout un chacun de faire son choix.
Donner des racines à l’Espérance…
Les Journées du Patrimoine sont aussi une occasion de faire le point sur le patrimoine qui est ce que le père transmet. Cette formule est répétée à satiété de manière un peu incantatoire et finalement on ne sait plus très bien ce qu’elle veut dire.
Pourtant ce qui se cache derrière cette transmission est essentiel puisque cela permet de s’inscrire dans le temps. Il s’agit de transmettre une part du passé (pourquoi, lequel, comment ?) pour les générations de demain. Donner des racines à l’espérance !
Cela n’est pas si évident ! Chaque génération porte un regard différent sur ce qu’elle entend transmettre.
Ainsi longtemps seul le « grand » patrimoine, les châteaux, les cathédrales et les églises,
semblait devoir mériter le vocable de patrimoine. A eux trois ils forment d’ailleurs encore l’essentiel des monuments protégés.
Puis la notion s’est élargie dans deux directions apparemment très différentes. Le patrimoine rural et de proximité d’une part, le patrimoine industriel ou d’activités d’autre part. Pourtant les deux s’ils ont pu, dans l’histoire, être opposés, se retrouvent réunis par le biais de la patrimonialisation au moment où l’un et l’autre sont en danger de disparition.
Ils correspondent, en effet, à des pratiques, des modèles socio-économiques qui disparaissent du quotidien. La France rurale a perduré durant mille ans et a façonné nos paysages et nos institutions jusqu’à la guerre de 14 et encore au-delà dans bien des endroits, mais elle n’est plus majoritaire. Quant à la France industrielle qui l’a remplacée, du Second Empire jusqu’aux Trente Glorieuses, elle aussi disparait progressivement, remplacée par la société du virtuel. Les vallées anciennement industrielles de nos provinces du nord, de l’est, mais aussi de la Seine ou du Rhône, les différents bassins miniers, montrent
souvent des territoires désolés où les bâtiments qui faisaient vivre des milliers de personnes ne sont plus que des carcasses vides.
Ce patrimoine est d’autant plus en danger qu’il est difficile à maintenir en l’état et à faire vivre. Il l’est d’autant plus qu’il est un patrimoine très divers dans sa nature. Le patrimoine industriel est celui des locaux eux-mêmes mais aussi celui des machines qui s’y trouvent – parfois des merveilles de technicité et d’ingéniosité- et c’est enfin
celui de savoir-faire et de métiers qui ont disparu.
Que veut-on transmettre ? Que faut-il
transmettre comme valeur d’exemple ?
Des associations souvent animées par d’anciens
professionnels, s’occupent de ce patrimoine mais bien souvent sans l’aide des collectivités il n’y a pas d’avenir vraiment viable. Pourtant c’est de l’histoire d’un territoire qu’il s’agit.
Celle qui confère son identité à un lieu.
De nos jours s’il y a un consensus sur la transmission nécessaire, il est moins net sur
l’engagement des acteurs et surtout sur l’engagement financier.
Certains pensent parfois que la protection et l’entretien coûtent cher alors que toutes les villes qui jouent la carte de la valorisation de leur patrimoine savent combien elle compte pour leur balance économique….
L’élan de générosité suscité par l’incendie de Notre-Dame de Paris allant du milliardaire au
plus humble des citoyens, a rappelé combien la question patrimoniale était partagée. Elle l’est parce que si elle a une part culturelle (grandes dates, personnages illustres, évènements mémorables, écoles artistiques…) elle est aussi reflet de la société à travers ses différentes étapes et évolutions. Or c’est cela que les millions de visiteurs viennent chercher. Un peu de leur histoire, de l’âme de leur territoire. Son identité profonde pour aborder les temps nouveaux de la modernité qui paraît si mouvante.
N’en doutons pas, les journées des 21 et 22 septembre vont rencontrer un grand succès.
Ph. Montillet
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