Ultra-Graal, le dernier né du talentueux Bertrand Lacarelle** nous entraîne à la suite des chevaliers de la Table Ronde…
Il fallait oser et c’est une réussite !
Il faut une certaine maestria, un brin d’inconscience, une belle dose de courage, pour passer ainsi de La Taverne des ratés de l’aventure aux chevaliers de la Table ronde – nous demeurons évidemment en vase clos – et je ne vois guère que le preux Lacarelle pour s’y risquer et en ressortir ensuite vainqueur.
Sa lecture du Livre du Graal, œuvre mythique parsemée de perles de culture comme Merlin de Robert de Boron ou La quête de Lancelot, l’équipée s’achevant dans les larmes avec La mort du Roi Arthur, devient prétexte à une cure de jouvence pour laquelle ses Frères sont invités à faire un tour du côté de l’Archipel, à la recherche d’un nouveau printemps, d’une nouvelle jeunesse, où la poésie est enfin redevenue la sève et le sang.
D’hier à aujourd’hui, d’un merveilleux âge à nos temps de perdition, le constat n’a rien d’accablant: « la loi de l’amour prévaut sur celle du pouvoir », ce qui incite notre joyeux trublion à rêver de confinements sélectifs, de retour à l’âge de Pierre, celui-là même sur lequel notre Eglise fut bâtie.
Et d’ailleurs, le coq qui surplombait la flèche de Notre-Dame n’a-t-il pas survécu aux flammes de l’enfer ?
Allez, puisqu’il « suffit d’une étincelle pour réveiller les cœurs français » (je cite), à la suite de Lacarelle, engageons-nous et « soyons plus ultras, toujours plus ultras ! ».
François Jonquères
Ultra-Graal, Bertrand Lacarelle, éd. Pierre-Guillaume de Roux, 176pp, 18€.
**Bertrand Lacarelle, auteur de Jacques Vaché (2005) et de Arthur Cravan, précipité (2010) parus chez Grasset, a été lauréat de la Bourse Cioran du CNL en 2008. Son essai consacré à Arthur Cravan a été couronné par le prix d’Académie de l’Académie française en 2010. Il a publié La Taverne des ratés de l’aventure chez Pierre-Guillaume de Roux en 2015.
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