La valeur de l’exemple : nos soldats tombés au Mali

Une fois n’est pas coutume, nous laissons la parole à la Ministre des Armées et vous livrons son hommage à nos deux militaires tombés au Mali, pour le Bien commun et la France.

Une fois n’est pas coutume, nous laissons la valeur de l’exemple s’exprimer à travers ces lignes alors que des forces obscures explosent de toutes parts et sont démasquées peu à peu en France et dans le monde.

Puisse ces exemples impeccables inspirer votre année 2021.

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Discours d’hommage de Florence Parly, ministre des Armées, au sergent-chef Yvonne Huynh et au brigadier-chef Loïc Risser le 8 janvier 2021.

                     Photo SIRPA

Madame la ministre, chère Brigitte Klinkert,

Madame la préfète,

Mesdames et messieurs les élus,

Monsieur le chef d’état-major de l’armée de Terre,

Mesdames et messieurs les officiers généraux,

Officiers, sous-officiers, brigadiers-chefs, brigadiers et hussards du 2e régiment de hussards,

Chères familles,

Mesdames et messieurs,

Sergent-chef Yvonne Huynh,

Brigadier-chef Loïc Risser,

Certaines vies brillent par la clarté de leur évidence. Certains parcours brillent par la passion qui les anime. Certaines personnes brillent par la sincérité de leur âme et par la profondeur de leur engagement. Vous étiez de celles-ci.

Pour tous deux, servir la France était une évidence. Pour tous deux, cette mission au Mali avait un sens.

Ce samedi 2 janvier, fidèles à votre mission, fidèles à la France, vous avez, une fois de plus, affronté les dangers des routes maliennes pour recueillir du renseignement, pour aller chercher ce renseignement.

Ce samedi 2 janvier, aux abords de Ménaka, l’ennemi vous a frappés, emportant vos rêves et votre avenir.

Sergent-chef Yvonne Huynh,

Certaines rencontres ont le pouvoir de changer une vie à tout jamais. La vôtre a changé au contact de l’armée de Terre, alors que vous n’aviez que 18 ans. Vous devenez immédiatement réserviste, le temps de quelques mois, avant de vous engager au sein du 3e régiment d’artillerie de marine à Canjuers, où la devise du régiment semble écrite pour vous : « À l’affût toujours, jamais ne renonce. »

À l’affût, vous avez toujours été. À l’affût de vos ambitions, à l’affût des risques, à l’écoute de vos camarades. Vous étiez énergique, débordante d’enthousiasme, et surtout dotée d’un fort caractère. Et il en fallait pour ne jamais renoncer. Il en fallait pour réussir ce que vous avez accompli.

Après Canjuers, un déploiement au Tchad et plusieurs années au régiment du service militaire adapté à la Réunion, vous décidez de changer de cap, et de changer de métier. Ce sera le renseignement. Ce sera le 2e régiment des hussards, son prestige, ses missions, l’intensité dans la discrétion de ses opérations. Ce sera plusieurs missions au Sahel, car c’est là que vous avez la certitude d’être utile.

Il faut de grands desseins pour combler les plus belles âmes. La vôtre était de celles-là. Et corps et âme, vous avez travaillé. Vous vous êtes entraînée avec ardeur, sans jamais reculer devant aucun obstacle. Vous avez constamment fait preuve d’une volonté infaillible.

Votre parcours est la preuve que les efforts conduisent aux succès : vous devenez la première femme à obtenir le stage d’équipier appui recueil, vous réussissez brillamment le très sélectif stage d’adjoint d’équipe de recueil de l’information.

Mais peu vous importe d’être la première, peu vous importe d’avoir les honneurs, ce qui vous intéresse et vous anime au quotidien, c’est le terrain. L’action et le renseignement au contact des sources. C’est tisser des liens avec les populations locales, faire grandir la confiance pour affiner la connaissance de votre environnement. Et dans ce domaine, vous excellez. Vos chefs louent votre ingéniosité, votre capacité à persuader vos interlocuteurs et votre sens du détail.

Vous étiez aussi cette femme débordante de vie, au sourire rayonnant, qui inspirait le respect et fédérait naturellement ses subordonnés. Vous étiez un roc, un point de repère immuable, dotée d’une force morale digne des plus grands soldats. A Ménaka, vous étiez non seulement l’âme de votre détachement, vous étiez aussi sa maman, comme l’a dit votre lieutenant.

Sergent-chef Yvonne Huynh,

Ceux qui ont eu la chance de vous connaître au sein de Montereau et Blangy, garderont au cœur votre étonnant mélange de rigueur et de joie, de détermination et d’attention aux autres. Je leur souhaite de garder de vous cette énergie débordante et cet enthousiasme à remplir vos missions, qui rendaient la vie plus belle à vos côtés. Qu’ils gardent la tête haute malgré leur chagrin, fiers d’avoir côtoyé et aimé votre personnalité hors norme, fiers d’avoir appris à vos côtés, instruits par votre exemple.

Brigadier-chef Loïc Risser,

Parler de vous, c’est parler de passion, de générosité, de rigueur et surtout de votre grand cœur. Servir les autres, c’était chez vous une seconde nature, depuis votre plus jeune âge.

Avant d’être militaire, vous étiez déjà soldat. Soldat du feu. Chez les jeunes sapeurs-pompiers de Wahlbach-Zaessingue, vous trouvez votre raison d’être et confirmez votre soif de servir. Et vous aussi, c’est une rencontre qui a changé votre vie. Un professeur du lycée de Pulversheim, le lycée des métiers que vous avez choisi d’intégrer pour « faire de votre passion votre métier », ce professeur vous oriente vers l’armée de Terre.

Dès votre arrivée au sein du 2e régiment de hussards, vous démontrez une motivation hors norme pour le métier des armes, et plus particulièrement pour le renseignement. Votre goût des sensations fortes et des sports extrêmes, déjà éprouvé par la moto, l’escalade et le tir sportif, se trouve satisfait par l’intensité des entraînements.

A seulement 24 ans, vous êtes un soldat aguerri, déjà déployé à deux reprises avec votre escadron de cœur, le Texel, sur le théâtre de l’opération Barkhane. Volontaire pour toutes les missions, exemplaire lors des plus délicates, si heureux et comblé par le travail sur le terrain. Comblé par la certitude d’être utile, de protéger par votre action les Français et les populations locales. Convaincu de participer à une grande opération, grande par son ampleur, et par sa finalité.

Chamborant est un régiment qui a la particularité de s’auto-relever depuis 20 ans sur tous les théâtres. Mais il parvient toujours à se renouveler, à rester affûté, à innover. Et c’est grâce à des soldats comme vous. Sur le terrain, vous étiez un excellent observateur, en pointe sur l’emploi des capteurs les plus complexes et le camouflage.

Vous étiez ingénieux, innovant, très bricoleur, un peu « geek » et c’est avec plaisir et humilité que vous partagiez l’ensemble de vos savoir-faire avec vos camarades et vos chefs, qui admiraient toujours vos trouvailles.

Vous étiez aussi impressionnant de calme, de sang-froid et de maîtrise de vous-même, en étant toujours prêt à faire face à l’imprévu. Derrière votre discrétion et votre humilité, il y a un esprit vif, redoutablement curieux, avide de connaissances. Vous vouliez tout comprendre et tout savoir : connaître les différentes communautés du nord-Mali, connaître leurs langues, la faune et la flore qui vous entouraient en mission.

C’était votre troisième mission au Mali. Une fois de plus, vous avez quitté l’écrin de verdure du Sundgau pour les étendues désertiques de Ménaka, vos yeux ont cessé de contempler la ligne bleue des Vosges, pour mieux se tourner vers le ciel étoilé du Mali que vous aimiez tant contempler.

Brigadier-chef Loïc Risser,

Vous laissez ici le souvenir d’un jeune hussard d’exception, d’un exemple inspirant pour tous. Bien au-delà du régiment, c’est toute une région qui vous entoure et qui vous rend hommage. L’attachement des Alsaciens à leurs armées est immense. Dans le Sundgau, chacune des actions que vous avez accomplies au service des autres restera ancrée dans les mémoires. Car elles portaient votre marque : celle du dépassement, de la générosité, de l’altruisme.

Sergent-chef Yvonne Huynh,

Brigadier-chef Loïc Risser,

Jusqu’au bout, vous avez été habités de cette volonté de construire un monde meilleur. Vous avez dédié vos vies aux autres, à la défense des populations, au triomphe des valeurs de la France. Aujourd’hui, le drapeau tricolore vous enveloppe. Il vous dit toute la reconnaissance de la France. Toute la fierté et toute la douleur du pays pour ses enfants tombés pour lui.

Au Sahel, vos sœurs et frères d’armes pensent à vous. La mission continue, mais aujourd’hui, le temps est suspendu. A vous, à votre mémoire.

Je salue le brigadier Benjamin Pichon, blessé à vos côtés, et qui a tenu à être parmi vous aujourd’hui, pour vous rendre hommage. Nous aussi, nous devrons nous relever. Et nous saurons trouver la force, tout comme vos camarades toujours en opérations au Mali, au Niger et au Tchad, au sein des détachements d’Addax, Cerbère, Faucon et Atlas.

« Noblesse oblige, Chamborant autant », telle est la devise des Chamborants. Alors, que la noblesse de votre engagement pour notre pays, que la noblesse de votre travail passionné et celle de votre sacrifice nous obligent.

Vive la République, vive la France.

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