Napoléon, l’imprévisible puissance des ressorts de la gloire

            Le 5 mai 1821, l’empereur Napoléon s’éteint à l’âge de 51 ans, en exil, sur l’île de Sainte-Hélène. Dans son testament, il a mentionné : « Je souhaite que mes cendres reposent au bord de la Seine, au milieu de ce peuple français que j’ai tant aimé … ».
Il ignore alors que ce vœu sera exaucé et que son souhait va entraîner un événement majeur comme l’Histoire en dénombre peu, capable de soulever les foules : un ultime épisode, dix-neuf ans après sa disparition, aussi inattendu qu’émouvant.

Le 15 décembre 1840, en dépit d’un froid sibérien, Paris est en émoi et c’est une véritable marée humaine qui vient rendre hommage à la dépouille d’un empereur déchu, alors que ses « cendres » sont transportées en grande pompe, par la voie fluviale, de Courbevoie jusqu’à l’hôtel des Invalides où elles vont reposer. La foule des spectateurs est prodigieuse. Un million d’hommes, de femmes et d’enfants se pressent tout au long du parcours.

            En cette année de bicentenaire de la mort de Napoléon, cette fascinante histoire post mortem napoléonienne nous est contée par le politologue-historien Patrick Tudoret avec le brio romanesque que l’on sait. Il nous livre dans son dernier ouvrage La Gloire et la Cendre, l’ultime victoire de Napoléon la réalité inattendue d’une journée hors norme dont la transcendance est saisissante. Conséquence d’une volonté politique, certes, puisque la France en a décidé ainsi, et a organisé l’événement sous la conduite du prince de Joinville, fils de Louis-Philippe, cet événement va réunir toute une nation vibrante venue saluer son héros. Des misérables vieux grognards débarquant à Paris jusqu’au Tout Paris littéraire et mondain de l’époque, tels Balzac, Gauthier, Dumas et le Victor Hugo cher à l’auteur, ils sont tous là.

            Ce récit d’une grande exactitude historique et d’une belle érudition permet au lecteur de croiser aussi au fil des pages l’un des meilleurs maréchaux de l’Empereur, le Maréchal Soult, duc de Dalmatie, le grand Maréchal Bertrand, Montholon, son exécuteur testamentaire, l’abbé Félix Coquereau, aumônier parti de Toulon deux mois auparavant, sur La Belle Poule, recueillir ses « cendres ». La surprise sera grande, à l’ébahissement de tous de découvrir, lors de l’exhumation, un corps quasiment intact.

            La commémoration du bicentenaire de la mort de Napoléon a ravivé une nouvelle fois les polémiques autour de cette figure de l’histoire de France. Elle a continué d’alimenter les passions, entre génie visionnaire et véritable tyran. Napoléon ne cesse de faire l’objet de controverses. Et si Patrick Tudoret, en publiant à point nommé cette « ballade d’écrivain », tour à tour incisive et mélancolique, ne cherchait qu’à réunir tout un peuple, comme celui-ci sut tout naturellement se retrouver un certain 15 décembre 1840 ?     

 

Catherine Distinguin

 

Patrick Tudoret,  La Gloire et la Cendre, l’ultime victoire de Napoléon, Les Belles Lettres.    

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