Exit la FIAC !

L’éviction de la Foire International d’Art Contemporain du Grand Palais : un joli coup de Jarnac rondement mené. Subitement, le 8 décembre 2021, la RMN-Grand Palais (1) lance un appel public à concurrence alors que la Fiac est un pilier de la vie parisienne depuis 1974, comme, depuis 2011, Paris Photo également visé.
Oh, comme c’est bizarre, la date limite de dépôt des dossiers est fixée au 31 décembre ! De l’art de prendre de court la Fiac et Paris photo qui n’ont que quelques jours pour murir un projet sur …7 ans !

C’est clair, un concurrent en embuscade silencieuse a, lui, pris tout son temps pour affuter son projet afin de rafler les dates et la clientèle de ses rivaux. La Fiac aura beau crié au « parasitisme », se prévaloir d’une antériorité, c’est le mastodonte international Art-Basel qui gagne. Finie l’exception française, et Paris, sur l’échiquier international, devient une succursale comme une autre du géant suisse, sponsorisé par la banque UBS, avec pour actionnaire l’anglo-américain James Murdoch, fils de Rupert, célèbre magnat néo-conservateur des médias.

La Fiac a reçu peu de soutien de la part de galeries françaises souvent matraquées financièrement (il y en eut parfois d’exclues arbitrairement). Certaines espèrent sans doute les Suisses plus capables de faire venir un public international. Calcul aléatoire car si la Fiac admettait une proportion incompressible de galeries françaises (28% et 36 % depuis la Covid)(2), nul ne sait comment Art Basel traitera la scène française…

Bref, quoiqu’on pense de la Fiac, il s’agit incontestablement d’un effacement de la singularité française, avec la bénédiction du pouvoir : « l’Elysée ne commente pas un appel d’offre » dit l’entourage du président. Il est vrai qu’Emmanuel Macron, en 2017, avait déclaré sans ambages ni vergogne, en meeting à Lyon : « il n’y a pas de culture française, il y a une culture en France » ! La pensée présidentielle s’aligne sur le credo managérial : il n’y a pas de bisness français mais il y a du bisness en France… comme partout ailleurs.

Si le « pentathlon des muses », voulu par Pierre de Coubertin, n’avait pas été abandonné, la France aurait pu redorer son blason aux Jeux Olympiques de Pékin : des compétitions artistiques firent, en effet, partie des JO modernes de 1912 à 1948. Une médaille récompensait des œuvres d’art à thèmes sportifs, en architecture, littérature, musique, peinture et sculpture ! Mais qui se souvient de la finlandaise Aale Tynni, médaille d’or de littérature lyrique en 1948, et seule femme championne olympique artistique de l’histoire ?

Se souviendra-t-on d’Alexia Fabre, promue le 24 janvier, et première femme à diriger les Beaux-arts de Paris en deux cent cinq ans d’existence ?

A suivre…

Christine Sourgins

• (1) La Réunion des musées nationaux est un EPIC, établissement public à caractère industriel et commercial par décret du 14 novembre 1990.

• (2) R. Azimi, « Grandes manœuvres autour de la FIAC », Le Monde, 15/01/22, p. 23

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