Crise ukrainienne : « Le pire est-il à venir », dixit Emmanuel Macron : vrai ou faux ? Mais loin de la désinformation jouant sur l’émotion, mieux vaut comprendre la situation avec l’un des meilleurs spécialistes de l’Ukraine.
Qui en doutait ? Les idiots utiles et les roués, et ils sont nombreux, se gargarisent en répétant « la plus belle réussite de l’Europe c’est cinquante années de paix ». Or, même en mettant de côté les cinquante années de guerres périphériques, guerres de décolonisation dites de « libération », guerres indirectes dans le cadre de la confrontation Est/Ouest, guerres impériales au service de Washington ou du mondialisme onusien, la parenthèse des guerres balkaniques entre 1992 et 1999 ne sont pas un simple point de détail de l’histoire. Elles ne sont d’ailleurs pas tout à fait achevées. Le feu couve toujours en Macédoine, en Épire et ailleurs. Or il va de soi que l’Europe communautaire a été directement à l’origine de ces embrasements dans lesquels les États-Unis et l’Onu étaient également parties prenantes.
Maintenant, bis repetita, l’Ukraine toujours et encore. Cela fait dix ans que la Maison Ukraine fait entendre de sinistres craquements, que l’édifice se lézarde. Mais le mal est structurel, il se trouve inscrit depuis la fin du monde soviétique dans la carte géopolitique des confins de l’Europe. En russe le mot ukraïna ne signifie-t-il pas la marche ? Certes en ukrainien le mot prend le sens de patrie, mais la réalité demeure, l’Ukraine marque la frontière entre plusieurs monde, l’Europe, la grande plaine steppique, le Caucase…
Nous pouvons craindre le pire si nous ne savons pas mettre un bémol à nos cris d’orfraie indignée alors que nous nous sommes montrés incapables d’obliger Kiev à appliquer les accords de Minsk, lesquels réglaient la question du Donbass russophone. Au lieu de quoi nous avons laissé se perpétrer un « génocide » silencieux – 13 000 morts en sept ans sous les bombes ukrainiennes – tandis que l’Otan resserrait son encerclement de la Russie en multipliant ses bases et ses rampes de lancement de missiles soi-disant antimissiles devant nous protéger contre une fantasmatique attaque iranienne.
La crise ukrainienne n’est au fond que l’arbre qui cache la forêt : le seul et unique véritable enjeu est la redéfinition des règles de sécurité collective applicable à l’Europe et à la Russie. Or, comme les États-Unis sont loin, qu’un océan les séparent du Vieux continent, ils ne céderont pas, et nous, alliés soumis et obéissants, sommes condamnés, à l’arrivée, à payer l’addition.
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