Au Coin du Feu, entendez par là, l’une des plus belles adresses encore authentiques de Megève. Ce chalet adorable, repris avec passion il y a quelques années par Nicolas Grivet, renaît de ses cendres et abrite le Saint-Nicolas, un restaurant qui mérite le détour et commence à tutoyer les étoiles…
Ici, la cuisine est ouverte ! Sur la salle, bien sûr, derrière une vitre où vous pouvez suivre l’évolution gracieuse d’une brigade au rythme d’un piano mené avec une certaine maestria par le jeune chef Marvin Lance, lequel met sa technique apprise en tant que second de Julien Gatillon (le 1920) pendant 4 ans, au service d’une table créative.
Le jeune chef ne manque pas d’ambition et on sent une cuisine qui cherche l’étoile (qui serait presque méritée). Si son jeune âge (27 ans) ne dit pas d’emblée son expérience de la cuisine depuis l’âge de 15 ans, le résultat dans l’assiette est probant.
L’enfant des Yvelines et de la Bretagne a compris le terroir haut-savoyard qu’il a adopté sans réserve. Certes, vous trouverez un délice de coquilles saint-Jacques en saison tout aussi bien qu’un plus local Ferrat en juillet-août. Mais surtout, depuis deux ans et demi, Marvin a tissé un réseau de fournisseurs du pays qui lui assurent une qualité sans faille, comme les légumes bio de Marie-Pierre, les veaux ou les poules d’éleveurs « du coin », le bœuf Angus élevé à la ferme des Maneguet, etc.
L’entrée du Foie-gras de la mer est audacieux autant que réussi avec un confit de lotte herbacé entouré de sorbet oseille et cresson de fontaine, sauce au citron noir d’Iran, accompagné d’un pain grillé acidulé.
Les Savoyards aiment les sucrés-salés mais le chef va plus loin; il mêle son attachement à la côte bretonne et son amour de la Haute-Savoie dans l’assiette. Un terre-mer assumé qui donne naissance à des plats signature car, au Saint-Nicolas, la brigade ne recule pas devant un petit miracle : en un tour de main, on vous emmène du pied du Mont-Blanc pour « un dimanche en mer ». Un filet de barbu couronné d’un croustillant de poulet sur le dessus, entouré d’une mousse de poulet rôti et courge confite. Un coup d’œil un brin espiègle au fameux « poulet du dimanche ». Un plat audacieux et personnel qui joue avec les saveurs et textures avec finesse et sans dissonance.
Et comme le chef joue sur les mariages plutôt que sur les stériles oppositions, il même habilement deux passions de terroir : Escargots du domaine des Orchis en deux façons, Huître fine de claire pochée à la poitrine fumée, Sauce iodée infusée au lard, Chicharrón au vinaigre… À expérimenter…
Le chariot de fromages, créé pour la maison, offre un choix exclusif de fromages fermiers de la région. Une expression multiple des terroirs qui vous étonnera !
Et pour ceux qu’un vent de fraîcheur sucrée tente, voici L’Agrumiste, Soufflé au cédrat, Consommé à la main de Bouddha, Suprêmes frais, zestes confits, Sorbet kalamansi et cédrat cristallisé. Une amertume maîtrisée pour les amoureux des agrumes.
En salle, le service est au diapason, avec une joyeuse équipe aux petits soins, dont la sœur du chef – bon sang ne saurait mentir !
La table de Saint-Nicolas est à l’image de l’hôtel du Coin du Feu : personnelle, authentique, pleine de passion, et avec ce soupçon d’humilité des grands qui cherchent à se perfectionner.
Bref, une adresse chaleureuse où l’apéritif au bar, situé au-dessus du restaurant, mérite aussi le détour pour la cheminée mais plus encore, pour les touches façon Henry-Jacques Le Même dont le propriétaire est féru.
Le jeune chef cherche l’étoile et l’on s’explique mal qu’elle ne soit pas arrivée. Rien ne nous étonne plus de la part du Michelin et de ses mystères.
Pratique :
Le Saint-Nicolas
252 route de Rochebrune
74120 Megève
Tél. 04 50 21 04 94
Menus à partir de 89 €, ou à la carte.
Fermeture annuelle : 15 avril au 30 mai, 15 septembre au 15 octobre
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