Richard Millet, La Confession Négative

Dans La Confession Négative, Richard Millet raconte sa guerre au Liban, dans son style habituel : des phrases qui s’étirent lentement, qui passent par mille chemins, pour esquisser quelques puissantes vérités. En allant au bout de ses propres errances, il signe l’un de ses meilleurs livres.

L’existence de Richard Millet est la preuve que la littérature française n’est pas morte. Dès la première page de son nouvel ouvrage, on rentre à nouveau dans son rythme, on se laisse bercer par cet éternel éboulement de mots, par cette langue qui doit autant à Marcel Proust qu’aux premiers romans de Claude Simon. Richard Millet ne joue pas : loin du flottement syntaxique et du moralisme consensuel des confessions d’aujourd’hui, il déploie des phrases habitées par la nuit. Son narrateur tue, sans trop savoir pourquoi, sans conviction précise ; il tue parce qu’il n’a rien de mieux à faire et qu’il pense que, peut-être, c’est par la guerre qu’il deviendra écrivain.

Dans La Confession Négative, nous écoutons la rumeur de la guerre que Millet mêle adroitement à ses souvenirs d’enfance, où nous croisons à nouveau les personnages de quelques-uns de ses chefs d’œuvre comme L’Amour des trois sœurs Piale, Ma vie parmi les ombres ou La gloire des Pythre. Depuis quelques temps, Millet semblait se consacrer principalement à ses pamphlets, et écrivait des romans plus courts, réussis, mais moins ambitieux que les précédents. Ici, il revient à son talent le plus élevé. Il y a quelque chose de beau et d’héroïque dans le respect de Richard Millet pour la langue française, dans sa volonté, exceptionnelle aujourd’hui en France, d’écrire avec un véritable style, bien loin des ces trop nombreux écrivains ignorants leur propre langue.

Guillaume Etievant

Richard Millet, La Confession Négative, Gallimard, 525 pages, 22,50 euros.

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