Le 19 juin dernier, Bob Dylan est monté sur scène à Grenoble pour une prestation à oublier. Mais d’autres évènements attendent les inconditionnels. Fin 2008 verra la sortie le 6 octobre dernier du volume 8 des Bootleg Series, lequel offre de nombreux inédits enregistrés dans les années 90. Aujourd’hui on laisse de côté les effluves musicaux de Robert Zimmerman pour parler de l’homme en tant qu’écrivain et poète.
L’homme sans âge, l’éternel rocker Dick Rivers, déclarait récemment dans une interview qu’ « en France le texte est primordial. En anglais, à l’exception de Dylan ou Cohen et les poètes, c’est l’inverse » (Gonzaï.com). Dylan est donc à la langue Anglaise ce que Gainsbourg, ou Brel sont au français.
Au début des années 60, le nouvel héritier de Woody Guthrie est en marche dans un registre protest song. Ses influences vont puiser dans la Beat Generation à l’exemple des écrivains Jack Kerouac et Allen Ginsberg. Les premiers succès du « coyote ébouriffé » germeront dans le folk où il interprète des musiques traditionnelles et va très vite signer des textes poétiques surréalistes basés sur des visions apocalyptiques du monde.
Dylan fait évoluer son style musical en passant par le rock, la country et le blues, mais aussi ses textes en suivant la religion chrétienne de 1979 à 1981. Indépendant, imprévisible, beaucoup de livres retracent l’œuvre du trublion, mais trop peu se targuent d’apporter une véritable compréhension et analyse de celui qu’on place désormais au rang de mythe. Dans cette liste, retenons son autobiographie « Chronique Volume I », récit des ses débuts musicaux jusqu’au Woodstock tout en relatant de son expérience de Père.
Le journaliste et grand analyste de la culture populaire américaine, Greil Marcus, apporte une étude pointilleuse sur Dylan en partant de la chanson mythique « Like a Rolling Stone », ouvrant ainsi la biographie « Bob Dylan à la croisée des chemins ».
« Pouvoir poétique extraordinaire »
Plus récemment, c’est un film qui retrace les multiples facettes de Robert Zimmerman : de l’homme de famille incontrôlable, au poète désuet, en passant par sa fervente foi religieuse. « I’m not there » de Todd Haynes, trace sous forme de kaléidoscope les différentes facettes de la vie de l’artiste. Le palmarès ne saurait être complet sans la reconnaissance du célèbre Prix Pulitzer qui décerne à Dylan une mention spéciale, « pour son profond impact sur la musique populaire et la culture américaine, à travers des compositions lyriques au pouvoir poétique extraordinaire ». Même s’il fuit toute gratification, l’homme âgé maintenant de 67 ans ne peut contester son influence intergénérationnelle ainsi que son esprit humanitaire et contestataire.
La lecture de ses textes, qu’ils soient religieux, politiques, protestataires ou simplement poétiques, s’ouvre désormais à tous les francophiles. Les éditions Fayard publient, songbook, un recueil très complet des chansons de Bob Dylan. La traduction française entreprise par Robert Louit et Didier Pemerle s’étend du premier album à « Love an Theft » (2001). Maintenant reste à savoir si la poésie de Dylan est réellement intelligible dans une autre langue que l’originelle ? Réponse en librairie le 15 octobre.
« Lyrics » – Bob Dylan – Edition Fayard
Prix public 38€ – 500 pages