Malgré Pierre Desproges, Basile de Koch et Khaled Kelkal, il est certain que Philippe Muray fut l’homme français le plus drôle de ces vingt dernières années. Sans doute parce que lui savait vraiment rire de tout avec tout le monde, et que l’intelligence et l’éclat de son rire, inversement proportionnels à la vacuité triste du monde contemporain qui lui servait de matériau premier, savaient déborder le réel pour mieux en signaler la finitude. « La fin de l’Histoire est une fiction sinistre dont il faut écrire le roman drôle », telle était sa devise.
Dans cette série d’entretien habilement menés par Elisabeth Lévy, et qui furent originellement publiés par la feue et excellente revue Immédiatement, il déblaie le terrain pour les futurs historiens du grotesque à qui notre époque fournira un mets de choix.
Les mutins de Panurge qu’il fustigeait n’ont pas fini de sévir, à l’heure des Obamanes et des Ségolâtres, et il faut, plus que jamais, garder un œil sur la prose de l’essayiste pour comprendre la dialectique tragique que dissimule une époque si fanfaronne et sûre d’elle-même.
Festivus Festivus (conversations avec Elisabeth Lévy), de Philippe Muray, Champs-Flammarion, 2008, 498 pages, 13 euros
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