On ne présente plus Janine Reiss qui a fait travailler les plus grands chanteurs de notre temps : Maria Callas, Placido Domingo, Teresa Berganza, Ruggero Raimondi… Encore maintenant, elle est très présente auprès de la jeune génération et prodigue son enseignement à de futurs professionnels à l’occasion des Master classes organisées à « l’Ecole Normale de Musique Alfred Cortot » à Paris.
Cette année, au lieu de laisser les élèves déterminer le choix des airs présentés, elle s’intéresse à un rôle et à un élève. Ce soir, deux héroïnes sont à l’honneur : Mélisande et Donna Anna.
Janine Reiss explique tout d’abord sa conception des personnages, pour elle, Mélisande n’est ni une jeune fille naïve, ni une victime, mais une femme intelligente et manipulatrice. Elle ne cessera de justifier sa vision en s’appuyant sur le texte et la musique, par exemple à travers le refus de Mélisande de donner à Golaud des informations sur son passé lors de la rencontre dans la forêt. Aki Shirane est attentive aux indications de Janine Reiss et son interprétation varie selon ce qu’elle lui dit. Elle parvient à donner des couleurs différentes aux trois « enfouie », montrant ainsi une évolution dans les pensées de Mélisande. Johann Le Roux est un Golaud très convaincant, bien qu’encore un peu jeune pour le rôle. Il possède un timbre velouté et expressif, assorti à une excellente diction. Armando Noguera, guest star de la soirée, donne la réplique à Mélisande dans la scène de la tour. Il est parfait, voix, diction, interprétation. La master class se transforme alors en concert et l’assurance du baryton déteint sur Aki Shirane qui trouve alors un ton plus juste, elle se métamorphose en une Mélisande bien plus expressive et théâtrale.
Puis, deux autres élèves présentent le duo du premier acte de Don Giovanni « Fuggi, crudele ». Janine Reiss s’attarde longuement sur le récitatif. Elle tente d’insuffler à Shigeko Hata des notions de théâtre à travers les mots et les accents toniques. La chanteuse possède une voix très intéressante et puissante mais qu’elle ne dompte pas encore très bien. Grâce aux directives de Janine Reiss, alors que la chanteuse est en pleine action, Shigeko Hata devient plus expressive et son interprétation plus précise. Cyrille Dubois campe un Don Ottavio traditionnel avec un timbre adéquat pour les rôles mozartiens. Il souligne avec justesse le caractère niais et tendre du personnage.
Assister à une Master class de Janine Reiss est un vrai bonheur. Avec beaucoup de simplicité et d’humour, elle explique aux élèves et au public comment approcher au plus près d’un personnage et d’une œuvre. Son discours est agrémenté d’anecdotes toutes plus savoureuses et plus passionnantes les unes que les autres.
Jeannine Hauchard
Master classes à venir
Janine Reiss sera de nouveau à « l’Ecole Normale de Musique de Paris » pour deux autres Master classes, le 2 février pour étudier le rôle de Manon dans les opéras de Puccini et de Massenet, et le 2 mars pour ceux de La Périchole et de Carmen. S’ajouteront les Master classes du baryton Jean-Philippe Lafont le 27 avril, du pianiste Jörg Demus le 26 janvier et du violoniste Koichiro Harada le 9 mars.
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