Ouvrage devenu introuvable depuis longtemps, les Éditions du Cerf ont décidé de publier dans sa totalité un texte écrit en deux mois et publié à la fin de l’année 1794 par Gracchus Babeuf, « notre grand et bon Babeuf », comme disait Jaurès.
Homme de la conspiration des Égaux, l’auteur est désormais statufié dans la pose avantageuse de grand ancêtre du socialisme (J-N Brégeon) et de « père du communisme ».
Auteur de quelques écrits théoriques ignorés en leur temps, rédacteur de quelques pamphlets et de deux journaux éphémères, les études « babouvistes » laissent toujours accroire que Babeuf fut l’un des acteurs essentiels de la Révolution. Pour la science historique soviétique enfin, il est un peu comme « le chaînon manquant » enfin retrouvé, quelque part entre Spartacus, Marx et Lénine (J-N Brégeon).
En publiant sa Guerre de Vendée et le système de dépopulation Babeuf n’offre pas seulement à ses lecteurs un catalogue exhaustif des atrocités commises par Carrier, mais il démontre la volonté d’extermination massive, qui caractérise les tragiques événements de Vendée, voulue par la Convention dans ses lois du 1er août et 1er octobre 1793.
Babeuf ne manque pas d’imagination lexicale pour désigner de telles atrocités. Inventeur également des termes « populicide », « plébéicide » ou « nationicide », il est à la source de la notion de « génocide » dont le code pénal donne aujourd’hui une définition. Mais si depuis le tribunal de Nuremberg ce crime est heureusement sévèrement condamné, Reynald Secher pose dans son introduction la question du « mémoricide » qui seul semble pouvoir endiguer les courants révisionnistes dont les Vendéens avant les Juifs sont encore victimes.
Gracchus Babeuf, La guerre de la Vendée et le système de dépopulation
Présenté et annoté par
Reynald Secher et Jean-Noël Brégeon
Introduction par Stéphane Courtois
Éditions du Cerf, décembre 2008
24 euros
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