Maurice Druon : À Dieu Monsieur l’Académicien

Le vieux lion est mort. L’Académicien Maurice Druon, après 60 ans d’écriture, a montré son caractère combatif jusqu’au bout. Cet admirateur des romans historiques et picaresques n’a jamais baissé la garde.

À 90 ans, l’immortel du Quai de Conti est entré dans l’éternité. Ici, il rejoint la postérité avec son oeuvre fleuve et magistrale : Les Rois maudits, ou encore son « Chant des partisans ». Lauréat du Goncourt en 1948 pour Les Grandes Familles, il fut ministre et député, et élu à l’Académie française.

Héritier spirituel de Joseph Kessel, et surtout son propre neveu, il a vingt ans lorsqu’il pose son premier fait d’armes. Nous sommes en 1939 ; avec superbe, il écrit à France Soir un article intitulé : « J’ai vingt ans et je pars ». Sur le front avec les Cadets de Saumur, il part en 1942 rejoindre le Général de Gaulle auquel il voue une grande admiration. C’est là qu’il rédigera ce chant de la Résistance qui fédéra et rendit courage à tous – mais sans se douter qu’il deviendrait surtout un chant de ralliement communiste pendant des décennies. Là, naquit ce gaullisme dont il ne se départit jamais.

Haute figure du monde littéraire, il confia son fameux atelier d’écriture à Edmonde Charles-Roux, ce qui lui garantit les suffrages de millions de lecteurs.
Son élection en 1966 à l’Académie française, et en 1986 en tant que secrétaire perpétue , couronna une présence courageuse et incontournable dans le domaine de la culture pendant près de 60 ans. Des romans au théâtre, il fut le défenseur d’une certaine idée de la culture; n’ayant cure du politiquement correct, des modes, luttant contre la féminisation abusive des mots (il trouva en Hélène Carrère d’Encausse une alliée, même s’il prit parti contre l’entrée des femmes à l’Académie), il fustigeait le mauvais usage de la langue française.

Revenant sur la décadence française, il signa en 2000, un cinglant pamphlet contre la dictature d’une gauche rétrograde, aux remugles de national socialisme : La France aux ordres d’un cadavre. Infatigable, il mena ensuite une cabale contre l’entrée de Giscard d’Estaing à l’Académie en 2003.
Finalement, le rôle de sentinelle, de veilleur, lui convient mieux que celui de « conservateur »avancé par ceux qu’il se fit toute sa vie un plaisir d’agacer.

La fidélité et l’honneur ayant guidé son existence, c’est avec confiance que nous lui disons, à Dieu, Monsieur l’Académicien !

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.