Un petit journal gratuit, dans son supplément de décembre 2010, vient de proposer, dans un guide offert aux usagers des transports parisiens une sélection éclectique de cadeaux de Noël.
Sur ses 38 pages imprimées sur papier glacé pour faire un peu plus chic qu’à l’ordinaire, la brochure, qui se fend même d’un petit » édito », n’offre aucune référence de près ou de loin à la Nativité, tant Noël est devenu avant tout une affaire de « fric » et de « grande bouffe », au point que l’an prochain, pour ratisser plus large, seront probablement intégrés les articles vendus sur le Chasseur français ou dans les officines de tatouages ou de pose d’extensions à la kératine !
Des tonnes de foie gras, des milliers d’hectolitres de vin de Champagne, un vieux papy goguenard, habillé de rouge et de blanc, pour mieux apparaître comme le sous produit d’une marque de soda, des cadeaux clinquants fabriqués en Asie, voilà donc le nouvel esprit de Noël. Les grands médias, les agences de pub et les libéraux de tout poil se montrent les promoteurs toujours plus efficaces d’une société de consommation qui finira tôt ou tard par mourir d’indigestion.
Mais l’argent n’explique pas tout.
L’idéologie continue sournoisement à faire ses ravages. L’étendard du sacro-saint dogme de la laïcité est régulièrement brandi pour séculariser le 25 décembre.
La crèche aménagée sur le parvis de l’Hôtel de Ville, à Paris, avec son interminable file d’attente d’enfants et de parents a disparu depuis longtemps.
Exclu de la sphère du « politiquement correct » par nos édiles parisiens, le spectacle de l’étable de Bethléem a été progressivement banni des devantures et vitrines des magasins grands ou petits de la capitale.
Mais, si aucune compromission ne saurait désormais être tolérée avec l’insoutenable image du petit Jésus couché sur de la paille entre un âne et un boeuf… cette sourcilleuse vigilance anti confessionnelle ne s’applique pas dans la probe conscience du maire de Paris lorsqu’il invite chaque année ses 42 000 fonctionnaires à venir célébrer la fin du ramadan au cours d’une soirée orchestrée au théâtre du Châtelet, mis gracieusement à la disposition d’une organisation religieuse dont certains membres demandent déjà la disparition des sapins de Noël dans les garderies et écoles de la capitale, récurrente et intolérable évocation à la naissance de l’Enfant de la crèche.
Mi-décembre, le petit village de Montiers, dans l’Oise, a vu aboutir devant le tribunal administratif d’Amiens, une requête déposée par son ancien maire visant à interdire au nom de la laïcité l’installation d’une crèche sur l’unique place de ce bourg de 450 habitants. Fier de son succès, ce vertueux citoyen demande à présent au préfet de faire exécuter la décision…
Paris comme Montiers ne sont heureusement pas au centre du monde, et encore moins de la France.
Qui a cure en Alsace ou en Lorraine de la censure exercée par ces grands prêtres du laïcisme animés davantage par des arrières pensées démagogiques ou rancunières ? Chaque 6 décembre, saint Nicolas et son âne défilent avec le concours des autorités civiles et sous les applaudissements de la population dans les rues de Metz, Nancy, Épinal, Strasbourg et dans bien d’autres localités. Quant à Saint-Nicolas-de-Port, l’épicentre du culte rendu à l’évêque de Myre, au son de la fanfare municipale, deux à trois mille personnes investissent chaque année la basilique devenue trop étroite, renouant avec une tradition vieille de plus de cinq siècles, faisant vivre économiquement la cité durant plusieurs jours.
Pour clore une liste qui pourrait être plus longue, à Lyon, la « fête des Lumières » du 8 décembre ne parvient toujours pas à masquer la fête de l’Immaculée Conception dont elle tire l’origine de son existence… et de son succès.
Mais c’est en terre provençale que se perpétue plus qu’ailleurs l’authentique esprit de Noël.
(voir notre article « Noël en Provence » dans la rubrique « Voyage » de CutlureMag).
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