Retour sur la prestation de Mark Padmore au piano, salle Gaveau le 19 janvier 2011. Schubert, Der Schwanengesang par Mark Padmore, ténor et Till Fellner,
Après une très belle interprétation de Die schöne Müllerin en novembre dernier, Mark Padmore et Till Fellner reviennent salle Gaveau pour un nouveau cycle de Schubert, Der Schwanengesang.
La première partie de la soirée est consacrée aux Lieder de Beethoven, trop rarement donnés en concert. Mark Padmore se montre particulièrement inspiré par ce compositeur et son interprétation est somptueuse tant au niveau vocal qu’au niveau expressif. Il chante le cycle An die ferne Geliebte avec beaucoup de recherche dans les nuances : il commence le premier Lied « Auf dem Hügel » avec une voix très pure tandis que le pianiste distille peu à peu le thème. Dans « Wo die Berge » il susurre les notes, rendant ce passage prenant.
Il ne manque pas de conviction et d’engagement dans « Neue Liebe » et se montre particulièrement remarquable dans « Adelaïde » : on notera son legato expressif dans la première phrase ainsi que la variation de ses mezza voce dans les différents « adelaïde ». Il est soutenu par Till Fellner, passé maître dans l’art des transitions.
Mark Padmore est un grand conteur, ne serait-ce qu’à travers son allemand parfaitement intelligible : il raconte une histoire pendant trois minutes, fait partager au public les sentiments du personnage.
Sa lecture du Schwanengesang est plus qu’intéressante car il est très attentif aux moindres détails stylistiques. Dans « Kriegers Ahnung » il met en relief les nombreuses ruptures de ton. Son interprétation de « Ständchen » est remplie de poésie car il joue sur l’alternance des nuances, passant du mezza voce à un fortissimo exécuté dans la plénitude de la voix.
De même dans « Der Doppelgänger », il débute le Lied de manière très solennelle avec des notes presque blanches puis il entame un crescendo progressif et contrôlé pour parvenir à des fortissimo, décrivant ainsi la douleur du héros. La voix de Mark Padmore possède les qualités nécessaires pour ce répertoire, agilité, souplesse, sans oublier la puissance sonore dans certains passages dramatiques.
Toutefois, contrairement à Die schöne Müllerin, où la tessiture est plus homogène, certains passages de ce cycle le mettent un petit peu mal à l’aise, notamment dans les graves.
Mark Padmore et Till Fellner proposent un Liederabend comme on aimerait en entendre plus souvent dans cette salle si adéquate pour ce répertoire.
Manon Ardouin
Pratique :
www.concertsparisiens.fr
www.markpadmore.com
www.tillfellner.com
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