Aux Yeux de Tous ou l’Esthétique du pirate
Paris. Un quai bondé de la gare d’Austerlitz. Des foules anonymes sur le départ. Puis une explosion, des cris, et le chaos.
Officiellement, aucune image de l’attentat n’est disponible. La police a arrêté des terroristes islamistes qui auraient revendiqué l’acte. L’affaire semble entendue.
Mais un surdoué de l’informatique, hacker à ses heures, a piraté le système de surveillance de la gare. Et il a tout vu…
Seul témoin de la scène, cet œil-pirate demeure l’unique voie d’accès à la vérité. Anonyme, il suit dans l’obscurité de la clandestinité les acteurs de l’évènement. Nora (Mélanie Doutey), jeune policière en proie aux doutes. Son ami Sam (Olivier Barthélémy) un homme turbulent et impulsif. Et Otar (Francis Renaud), personnage énigmatique et trouble, consul à l’ambassade d’un pays d’Europe de l’est à Paris
Ambivalent, le regard du hacker est croisé d’une envie de justice et de perversité. Cette perversion née de la sensation de maîtriser absolument ce qui se déroule sous ses yeux. La ville, ses habitants, les drames, les couardises: rien n’échappe à cet œil omniscient.
Finira-t-il par débusquer les vrais coupables? Comment opérer sans se démasquer? Dans l’urgence, les réflexions volent en éclats. L’observateur, d’abord spectateur, devient par la force des choses, acteur à part entière de l’histoire. De désolidarisé, il finit par s’engager dans le cours des vies offertes à ses yeux.
Si l’intrigue ne semble pas être l’atout majeur du film, ses paris esthétiques s’avèrent quant à eux bien plus intéressants. 950 plans entièrement truqués composent cette course effrénée. Filmé par le prisme des écrans et des caméras parisiennes, Aux Yeux de Tous se pose avant tout comme un défi formel.
Aux Yeux de Tous, de Cédric Jimenez.
Avec Mélanie Doutey, Olivier Barthélémy, Francis Renaud.
Sortie nationale le 4 avril 2012.
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