Poésie : Thomas Bernhard

/Une fois n’est pas coutume, si notre magazine se consacre principalement à la culture francophone, il souffre parfaitement quelques exceptions, lorsqu’elles sont de taille à franchir les frontières de la langue pour atteindre à l’universalité de l’art. C’est le cas de l’un des plus grands écrivains de langue allemande de la deuxième moitié du XXe siècle, Thomas Bernhard, qu’il serait aussi absurde de mettre de côté que Mozart en arguant de leur origine autrichienne.

Mozart, qui, selon le fascinant Glenn Gould de Bernhard dans Le naufragé, un récit tout en venin, beauté et musicalité, serait « mort trop tard », Thomas Bernhard instillant un peu de sa misanthropie en chacun des trois personnages du récit, Glenn Gould, Wertheimer et le narrateur. Thomas Bernhard, donc, comme Glenn Gould, comme Mozart, dépasse les frontières linguistiques et culturelles, car sa littérature, car sa poésie sont profondément humaines et intemporelles. Et puis, nous ne pouvons oublier que Bernhard haïssait plus que tout l’Autriche, Salzbourg, Vienne et ses malheureux compatriotes et qu’il écrivit ces vers :

« J’aurais aimé être Français

Disait-il

Pas Anglais, pas Russe

Français

Etre Autrichien

C’est mon plus grand malheur. »

Aussi faut-il absolument lire Thomas Bernhard parce qu’il est un antidote à la niaiserie contemporaine, à la religion du respect et de la perte de tout sens critique, en un mot de la bêtise, qui sous prétexte d’égalité et de non discrimination, emplit la bouche des hommes de mots vagues et passe-partout, d’expressions sympathiques, en oubliant que les plus grands poètes ont la langue fine et acérée, comme Bernhard, pour fouiller les entrailles de l’homme.

Les éditions de La Différence ayant ressuscité la collection de poésie Orphée, publient un petit recueil de poésies bilingues de Thomas Bernhard, traduites de l’allemand et présentées par Susanne Hommel. Ce beau recueil s’intitule Sur la terre comme en enfer.

Thomas Bernhard, Sur la terre comme en enfer, Orphée La Différence, 127 pages, 5€.

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