La musique portugaise : un patrimoine à découvrir 1/2

/Alors que Guimaraes a été promue capitale européenne de la culture en 2012, CultureMag vous propose de poursuivre la découverte de la culture du Portugal avec un pan majeur et mal connu du patrimoine : la musique portugaise classique !
Première partie : Musique ancienne (1ere partie)

La musique classique est pratiquement inconnue des européens. Il n’existe en effet aucune étude disponible sur la musique portugaise en français. Quant aux histoires et encyclopédies musicales, elles n’y consacrent généralement que quelques lignes, l’incluant même parfois dans la musique espagnole. Seul Robert Bernard  sauve l’honneur en réservant une huitaine de pages de grand format à « l’Ecole portugaise ». Quant aux enregistrements discographiques, n’en parlons pas. Ils sont scandaleusement inexistants en France et mélangent – quand ils existent – des musiques de toute la péninsule, à part quelques « villancicos » ou « tientos ». Mais en musique moderne, XIXe/XXe, pratiquement rien.

Il existe pourtant toute une série d’enregistrements de compositeurs portugais réalisés par Naxos à qui ont doit – entre autres – toute une série des grands symphonistes du XXe siècle. Ils réactualisent ou complètes les enregistrement historiques parus chez Portugalsom. On les trouve heureusement sur Internet. De même il faut ici rendre hommage et signaler l’excellent pianiste qu’est Bruno Belthoise qui a enregistré en France la première collection d’œuvres pour piano de compositeurs portugais, chez Coriolan.

On est en droit d’être choqué par un tel désert artistique car la musique portugaise existe réellement, depuis longtemps.    Pour renaître musicalement après l’âge d’or de la polyphonie des XVème, XVIème et XVIIème siècles, le Portugal avait dû s’affranchir de l’italianisme qui, au XVIIIème siècle, avait refoulé tous les particularismes nés au XVIème siècle, sous le poids de la mode italianisante, qui écrasa toute la péninsule ibérique.

Le nord du Portugal qui a été libéré plus tôt est-il moins soumis aux mélismes orientaux, qu’à tort on croit d’origine Maure. Les modes qui les figurent sont en effet issues de la musique grecque qui influença toute la Péninsule et furent conservées par les musiques romaines, « mozarabes » -terme impropre puisque cette musique est antérieure à l’invasion des musulmans.

Dans le Portugal libéré, l’influence maure fit d’ailleurs très vite place à des influences venues de France. Seuls quelques instruments apportés par les Maures, comme la guitare (appelée viola au Portugal), le cistre (appelé guittara potuguesa) et l’aduphe, sorte de tambour particulier dont l’usage ressemble à celui des basques, témoignent de cette occupation.
Ce fut l’époque des cantigas, ces poésies chantées ou récitées avec accompagnement au luth, au rebec, au psalterion, avec des castagnettes. Elles furent recueillies dans des recueils, les cancioneiros.  Au XVème et XVIème siècles, le Portugal connut un âge d’or grâce à la découverte par l’infant Henri Le Navigateur de nouveaux et riches territoires qui apportèrent la prospérité économique au royaume. Il en découla un développement considérable des Beaux arts. Dès le règne d’Alphonse V (1433-1481), la musique prit une importance exponentielle jusqu’au XVIIème siècle. Ce fut l’époque des villancicos qui étaient l’origine des drames sacrés découlant des mystères du Moyen-âge, qui peu à peu devinrent profanes.

À part cela, aux XVème et XVIème siècles, la musique du Portugal fut principalement représentée par des compositeurs polyphonistes comme Pedro de Escbor (1489-1535), Fernando Gomes-Correira (1505-1532), Vasco Pierres (1481-1509), Duarto Lobo (1540-1643), Mandel Mendes (1547-1605), Manuel Cardoso (1566-1650), Francisco Martins (1620?-1680), Filip de Maghales (1589-1604), Diogo Melga (1663-1700), Lourenço Rebello (1610-1661).

Au cours du XVIIème siècle, la musique portugaise fut à son sommet. mais au XVIIIème siècle, elle avait perdu son âme, victime de la mode italianisante.
Avec João-Domingos Bontempo (1775-1842), la musique au Portugal allait se libérer du joug italianisant et s’infiltrer dans la voie du nationalisme musical. D’origine italienne par son père, J.D. Bontempo choisit en effet de ne pas poursuivre ses études dans la botte romaine mais d’aller à Paris, rompant ainsi les habitudes de ses compatriotes.

Mais en 1811, par solidarité avec ses compatriotes envahis par les troupes napoléoniennes; il s’exila à Londres et quelques années plus tard, de retour dans son pays, il fonda le Conservatoire de musique de Lisbonne et la Société Philharmonique, imposant à ses compatriotes la découverte des musiciens romantiques allemands et français. Avec le romantisme se développa le nationalisme musical portugais dont le Fado fut certainement la première manifestation. On se perd en conjecture sur ses origines parce qu’elles furent multiples. Nous en reparlerons dans un prochain article.

Jean-Bernard Cahours d’Aspry

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