Alors que nous achevions la lecture du roman, le nouveau prix Goncourt a été dévoilé : « Au revoir là-haut », par Pierre Lemaître (Albin Michel).
Un ouvrage sur lequel nous aurions parié, bien écrit, bien construit, un style haletant, un rythme soutenu. Bref, un livre que vous ne lâchez plus et qui vous poursuit encore, bien après la dernière page lue… Le souffle qui manque si souvent à notre production littéraire !
Un des plus beaux romans de la rentrée littéraire, judicieusement publié à l’aube des célébrations de la terrible guerre de 14-18, Au revoir Là-Haut campe le portrait de deux de ces rares rescapés de la plus grande boucherie du XXème siècle.
Lemaître narre la plus cruelle des réalités de cet après-guerre qui versa dans les folles années de fête et de légèreté, tournant le dos aux survivants de l’horreur des combats, tout comme d’ailleurs les petits (ou moins petits !) bourgeois civils planqués, femmes « honnêtes », etc., qui tournèrent le dos avec mépris et horreur,à ces Poilus, à ces gueules cassées extirpées de leurs tranchées pour un court répit, transpirant les stigmates de l’horreur des combtas par tous les pores de leur être et ce, en plein cœur de la guerre !
Rien de cette France qui rend hommage aux morts mais oublie les survivants, mégote sur leurs pensions, pire, les exclut, n’échappe à la plume acérée du romancier.
Pierre Lemaître se livre à un scénario jubilatoire : la revanche de deux Poilus, Albert et Edouard, oubliés de l’Histoire et de leur pays qui, plutôt que de céder au désespoir et à la vengeance, vont se lancer dans une affaire d’escroquerie retentissante.
Auteur reconnu de littérature populaire, couronné par plusieurs prix pour ses polars noirs, Pierre Lemaître pour son premier roman historique a réussi à faire couronner un chef d’oeuvre de littérature dite populaire. Sans mauvais jeu de mots, un coup de maître !
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