Christine Ferrer Sur le fil

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Christine Ferrer trace un chemin de poésie à travers cette exposition. Elle brode ses créations comme sa vie, avec un fil doré et un certain esthétisme mais aussi avec fragilité et douceur. Ce sont autant de témoignages reproduits de façon pudique.

La personnalité de l’artiste y apparaît riche en paradoxes : touchante et douce mais aussi forte. Christine Ferrer crée des images pour mieux rester elle-même dans l’ombre. Ancien mannequin, elle préfère ne pas montrer son visage et ne se découvre que de dos. On la reconnaît à sa longue natte.
A la façon d’une toile d’araignée, d’un tamis, d’objets, de mots, elle met tous ces éléments en scène qui s’échappent et puis se recomposent pour aider à suivre le fil. Son œuvre pourrait se nommer au « fil du temps », en écoutant les  sons, leur signification ou prendre le temps, comme dans cette vidéo où elle entre dans la mer jusqu’à disparaître mais pour… « renaître » précise t-elle.

Ses œuvres sont parcourues de verbes qui encore une fois parlent et qu’elle va coudre entre eux, le long d’un chemin, d’un tissu…
Des mots mais aussi des matières : des photos, des documents d’état civil, une profondeur de la vie, de ce que l’on voit et que l’on ne dit pas mais aussi des moments qui passent, des histoires qui traversent la sienne. C’est comme un miroir, exposé lui aussi dans lequel on pénètre, dans lequel on perçoit l’envers.
Cette artiste plasticienne, a son propre langage. Et à chaque fois les oppositions s’enchaînent : apaisement et souffrance, joie et mélancolie, lumière et obscurité.

""Le symbole de l’enfermement semble être présent et débute dès l’entrée avec ce canapé saisi par les fils qui l’enserrent. L’idée se poursuit dans l’exposition, avec les nasses à écrevisse, les globes qui préservent ces robes de fil de fer,  cette table et ces chaussures de femmes recouverts d’un filet de pêche, et même ces chaussons de danse écartelés. Mais au-delà du message perçu de mélancolie, c’est aussi un message d’espoir et de résistance.
Ancienne danseuse, et mannequin, cet art fait partie de sa vie et elle rend hommage à Pina Bausch à travers ces signes de danse, cette souffrance au corps. Les fils brillants y entourent des corps de lumière.
C’est son chemin de vie traversé dans des domaines différents, comme la mode, la presse, la télé qu’elle tisse avec des liens comme les fils de ses œuvres. Le corps et ses robes y sont souvent présentés, sublimés, lumineux avec par exemple des cristaux concassés dans une enveloppe de fer qui donne un aspect solide et fragile à la fois. .
Les mots et leur message ont leur importance chez cette artiste qui les sème comme des graines : «attendre, être en lien, réparer …». «S’épauler» est celui qu’elle préfère, répond elle. Christine Ferrer correspond aussi grâce au mail art. Telles des bouteilles à la mer, ses «lettres» s’envolent sans savoir si elles arriveront, en déjouant le format postal traditionnel et en utilisant tous les supports qui laisseront des traces plus intimes qu’un simple envoi classique.

""Brodeuse, elle continue avec ce geste méditatif qui « l’apaise » dit-elle et qui  invite le visiteur à la suivre sur le fil du questionnement…

La scénographie réalisée par Stéphanie Hugues, commissaire de l’exposition, traduit bien le sens de ce parcours. La mise en lumière des objets se découvre dans un clair obscur intime et attirant, à travers les pièces de cet ancien hôtel particulier du XVIIIe siècle, au centre d’art Campredon, à deux pas des canaux de cette petite Venise comtadine.

L’Isle sur la Sorgue et cette exposition méritent une visite ou découverte pour ceux qui voudraient profiter des premiers beaux jours (en TGV, à 2h45 de Paris, 1h de Lyon). Cet ancien village de pêcheurs est aujourd’hui le paradis des chineurs, mais aussi des amateurs d’art, de patrimoine architectural ou poétique avec l’empreinte de René Char. Les roues à aube dans la ville elle-même sont aussi une particularité curieuse. La jolie maison d’hôte la princesse au ptit pois, vous accueillera de façon charmante et vous permettra de passer une nuit très agréable sans sortir de la ville

""À noter La Nuit des musées le 16 mai de 20h à 23h accueille les artistes Anna Mansoni et Vincent Weber pour une performance danse autour de l’installation « le bal » de  Christine Ferrer.
Dans la cour extérieure du musée Campredon, Christine ferrer y a composé « Le bal «  avec une série d’embauchoirs disposés dans l’espace comme les ruines ou les vestiges d’un bal perdu.  

Ysabelle Jolly

Pratique :

Exposition à l’Isle sur la Sorgue jusqu‘au 13 juin 2015

Campredon –Centre d’art
20 rue du Docteur Tallet
84800 Isle-sur-la-Sorgue
04 90 38 17 41
www.islesurlasorgue.fr/campredon

Office du tourisme
Place de la liberté
84800 Isle-sur-la Sorgue
04 90 38 04 78
accueil@oti-delasorgue.fr

Où dormir
La princesse au petit pois
20 rue Michelet
84800 Isle-sur-la Sorgue
04 90 94 29 21

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