Fracturer la bien-pensance

/En publiant la 4ème série de ses Partis pris, Xavier Soleil récidive et fait œuvre salutaire. Il bouscule avec efficacité l’embrigadement idéologique qui fait sa loi depuis plus d’un demi-siècle en France. Il met à mal l’inculture régnante qui, à défaut de connaître réellement notre histoire, dit n’importe quoi ou pire, frappe d’ostracisme certains auteurs et penseurs de notre littérature qui, par leur génie particulier, risqueraient de détraquer la machine démocratique de la pensée unique, menaçant alors le navire de naufrage.

La fabrique de l’opinion passe par cette nouvelle forme d’illettrisme moderne. Le système dominant laissant alors à son bras armé, la littérature officielle, le soin de faire son travail de sape.

Xavier Soleil fait aussi œuvre courageuse en pourfendant, à l’aide de références bibliographiques sélectionnées, les fossoyeurs d’une France aseptisée, mondialisée et défigurée. Il ose, il donne des clés pour ouvrir grandes les portes de la réflexion, invitant la vertu d’espérance à devenir héroïque.

La référence à l’essai sur la nature du pouvoir royal en France de Jean de Pange qui dégage les caractères essentiels de la vieille royauté française ne peut laisser indifférent et pourrait à lui seul combler le vide sidéral qui règne à son propos, et détruire les poncifs qu’on entend, y compris dans les écoles de la République.

L’entretien entre Danièle Masson et Émile Poulat, fin connaisseur de ce qui se cache derrière la laïcité pour achever l’œuvre de déchristianisation de la France commencée sous la Terreur, est un témoignage frappant pour nos pensées de la nuit : la laïcité n’est-elle pas devenue la religion quasi-officielle de notre pays ?

Mais les florilèges de Xavier Soleil ne s’arrêtent pas là.  Il est captivant de découvrir que l’homme qui fit « don de sa vie à la France pour atténuer son malheur », l’homme qu’on calomnie et salit encore volontiers de nos jours, – j’ai cité Philippe Pétain -, bénéficia de solides amitiés, en compte encore et toujours car la vérité éclate à son heure. Parmi elles, celle du cardinal Baudrillart, résolument hostile au national socialisme, qui se rapprocha de lui pour maintenir l’unité nationale, hanté par les dangers plus graves du bolchevisme ; celles de Pierre Boutang, Hyacinthe Dubreuil, Jean Daujat et Henri Poulain, rédacteur à la radio de Vichy avec Lucien Rebatet.

Un espace privilégié est consacré à René Béhaine, René Benjamin, chers à l’auteur des Partis pris, sans oublier des notes de lecture qui font référence à Maurras, Morand, La Varende, Jünger, jusqu’au grand Nicolas Berdiaev, l’un des sommets de l’existentialisme chrétien.

Xavier Soleil nous livre ici, en guise de viatique, un choix lumineux pour attiser notre curiosité spirituelle et gravir les barrières mentales qui nous sont imposées en ce début de XXIe siècle, que Jean Dutourd avait pressenti comme la suite  du « siècle des lumières éteintes ». En compagnie de veilleurs éclairés, Marc Fumaroli, Jean de Viguerie, …, il nous communique la recette infaillible qui forgea l’œuvre de Gustave Thibon et fit dire à Jorge Luis Borges : « Me sera-t-il permis de répéter que la bibliothèque de mon père a été le fait capital de ma vie ? La vérité est que je n’en suis jamais sorti. »

À l’instar des trois autres séries et dans le respect absolu des textes et des auteurs, Xavier Soleil, en « reconstructeur » de civilisation, nous offre une approche du Beau autant qu’une mise en perspective historique fondamentale pour décrypter des messages essentiels.

Catherine Distinguin

Xavier Soleil, Mes partis pris (quatrième série) – Préface de Catherine Distinguin – Éditions Nivoit – 221 p. 25 €. Les trois autres séries ont été publiées chez le même éditeur.           

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