Irving Penn, du studio au paradis

/><b><span/Après soixante ans de carrière, le photographe américain s’est éteint dans son appartement à New York. Il laisse derrière lui des portraits exceptionnels qui ont fait principalement la gloire de Vogue.

Le monde de la photographie est une nouvelle fois en deuil. Les années 2000 signent la fin des photographes de légende composés d’Henri-Cartier Bresson, de Richard Avedon, d’Helmut Newton et du regretté Willy Ronis, décédé récemment, le 11 septembre. Ce fut le tour d’Irving Penn le 6 octobre dernier. À 92 ans, il continuait à exercer son art dans son studio de la Vème avenue à New York. Jamais il ne voulu photographier d’une autre manière, il expliquait que les photos en extérieur étaient « décevantes. Du moins je sais qu’atteindre des résultats dans ce genre d’images dépasse mes forces. Aussi j’ai préféré une tâche plus limitée : m’occuper seulement de la personne, loin des incidents de sa vie quotidienne, portant simplement ses vêtements et ornements, isolée dans mon studio. C’est du sujet seul que je distille l’image que je veux, et la froide lumière du jour se dépose sur la pellicule ».

Né le 16 juin 1917 à Plainfield dans le New Jersey d’un père horloger et d’une mère infirmière, rien ne le prédestinait à devenir photographe. Pas même la fibre culturelle de son frère, Arthur Penn, réalisateur de Bonnie and Clyde et de Little Big Man. Tout débute pour Irving à la Pennsylvania Museul School of Industrial Art. Il y suit les enseignements de son professeur, Alexey Brodovitch, un émigré russe, considéré comme l’un des plus talentueux designers du XXème siècle. À cette époque, le jeune Penn travaille en tant que designer indépendant. Alexey Brodovitch, directeur artistique du Harper’s Bazaar le prend comme assistant, décelant chez lui un talent unique.

En 1941, Alexey Brodovitch présente Irving Penn à Alexander Liberman, lui aussi émigré russe, qui deviendra plus tard le directeur artistique de Vogue. Sans aucun doute la rencontre la plus déterminante de sa carrière. À son sujet, Alexander Liberman disait de cette première entrevue qu’il « était un jeune américain que le maniérisme et la culture à l’européenne n’avaient pas gâché. Je me souviens, il était en baskets, sans cravate. J’ai été frappé par son côté direct, la clarté de son dessin, la liberté de ses décisions. Ce que j’appelle les instincts américains d’Irving Penn lui ont permis d’aller à l’essentiel ».

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De la peinture à la pellicule

Il fait alors l’acquisition d’un Rolleiflex. Dans les rues de New York, il expérimente ses premiers clichés. Il part dans le sud des Etats-Unis, au Mexique où il peint, sa vocation première. Mais déçu par ses œuvres, il les détruit. Il repart à zéro, c’est en 1943 que son destin va changer. Alexander Liberman l’engage comme assistant. Son nouveau décideur lui pose la question suivante : « Pourquoi ne feriez-vous pas de la photographie ? ».

La suite de sa carrière sera composée de 165 couvertures de Vogue, de natures mortes, de travaux publicitaires, de travaux ethniques (Pérou, Maroc, Népal, Nouvelle-Guinée, Dahomey) et de photographies de gens ordinaires à Paris, Londres et New York. Ses travaux uniquement effectués en studio, étaient aussi empreint de simplicité que de génie. Les jeux de lumière donnent des images naturelles des personnages, que l’on a l’impression de connaitre, mais surnaturelles par la beauté qui s’en dégage.

C’est toute une époque qui s’immisça dans son studio : de Dali à Brigitte Bardot, d’Alfred Hitchcock à Truman Capote, d’Yves Saint Laurent à Jean Cocteau. La fin d’une époque pour la photographie, et l’art en général.

C.Imbert                                                                                                                                                                                                                                                                              KateMoss par Irving Penn

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