Edvard Munch ou l’« anti-cri »

Ceux qui croyaient connaître Edvard Munch seront sûrement les plus surpris. La Pinacothèque de Paris, comme à son habitude, offre une nouvelle vision de l’artiste. C’est la première fois en France qu’une exposition sur Munch regroupe autant d’œuvres, la plupart provenant de collections privées.

« […]et je sentis que la nature était traversée par un long cri infini.[…]Ainsi, j’ai véritablement entendu un cri. Alors j’ai peint  Le Cri ».Malgré son titre, cette exposition nous plonge au cœur des angoisses et des cris de l’artiste. Mais ce n’est plus un seul cri poussé en union avec la nature car l’artiste est bien plus complexe et un tableau comme un article ne suffisent pas à le définir. C’est pourquoi il est primordial d’aller à l’exposition pour d’abord voir avant de comprendre, sentir avec l’artiste avant de l’étudier.

Edvard Munch, c’est d’abord un homme qui a beaucoup souffert et craint la maladie, l’exclusion mais aussi l’Amour qu’il associe au Mal et à la Mort. Pour lui, la femme est comme un vampire qui affaiblirait son compagnon par ses caresses.

Mais il est aussi philosophe dans son approche de la Vie, s’interrogeant sans cesse sur le mouvement et la lumière qu’il voit partout dans la nature. Sa théorie est panthéiste puisque, d’après lui, même les pierres vivent.

Ce sont toutes ces idées et ces interrogations qui inspirent l’artiste et le composent. Il a appartenu d’abord aux courants naturalistes, impressionnistes et symbolistes de 1880 à 1892. Cependant, certaines œuvres s’apparentent au fauvisme, à l’art nouveau ou au primitivisme. Mais peut-on vraiment l’enfermer dans un courant ? En effet, bientôt il se révolte contre les modèles picturaux imposés. Il semble que ses contemporains les plus proches soient les poètes et les écrivains comme Emile Zola. Il innove sans cesse par son graphisme et ses techniques. Il est hanté par le mouvement et cherche à tout prix à le représenter. Pour y parvenir il essaie la photographie et les films muets. Il laisse même certaines œuvres sous la pluie afin d’accélérer les effets du Temps sur la matière.

Ainsi cette exposition est aussi poignante que l’artiste. Elle représente ce qu’il est profondément. Plus qu’un cri, elle est une quête : « en vérité, mon art est une confession que je fais de mon plein gré, une tentative de tirer au clair, pour moi-même, mon rapport avec la vie… ».

La Pinacothèque nous donne la chance de découvrir cette confession. On peut  se plaindre de la scénographie qui n’offre pas forcément une lecture évidente mais lorsqu’on sait que Munch passait de la douceur à l’angoisse, mêlait vie et mort, on peut espérer que l’exposition cherche à aller dans ce sens. De plus la surprise augmente l’émotion du visiteur.

Jeanne de Guillebon

Pratique :

Pinacothèque de Paris
28 place de la Madeleine 75 008 Paris
Du 19 février au 18 juillet 2010
Tél : 01 42 68 02 01
www. pinacotheque.com
Ouverte tous les jours de 10h30 à 18h
Tarif 10€ TR : 8€.

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