L’éternelle jeunesse de James Dean

/À l’instar de Marilyn Monroe et d’Elvis Presley, James Dean incarne l’Amérique. Sous ses traits de mauvais garçon, forcément irrésistible, se dissimule le visage de tout un pan de notre culture occidentale. Portrait.

James Dean aurait eu 80 ans le 8 février dernier. S’il n’avait pas perdu la vie dans ce terrible accident de voiture le 30 septembre 1955, il coulerait peut-être des jours heureux, entouré de femme et enfants, semblable à tous les gens de son âge.

Difficile pourtant d’imaginer cet éternel jeune homme dévoré par les rides. Impossible de se le représenter usé, incapacitant, handicapé par le poids des années. James Dean est la figure de la jeunesse par excellence, dans ce qu’elle a de plus insolent et de plus fascinant.

Cet enfant unique né à Marion, ville de l’Indiana, trouvera rapidement les chemins du cinéma. Passionné par le théâtre et la dramaturgie, le jeune homme n’hésitera pas à abandonner ses études universitaires afin de se consacrer pleinement à ses activités artistiques.

Ce choix, entre raison et sentiments, sera évidemment payant. Après une première apparition à l’écran dans un spot publicitaire pour la boisson Pepsi Cola, plusieurs séries télé et l’adaptation de l’Immoraliste de Gide à Broadway, les portes de la gloire commencent à s’ouvrir.

C’est Elia Kazan, qui va lui offrir la possibilité de conquérir un large public, et du même coup d’asseoir une renommée jamais démentie depuis. Le réalisateur d’Un Tramway Nommé Désir tomba sous le charme de l’acteur lors d’une représentation de l’Immoraliste. Séduit par son jeu et sa capacité à focaliser l’attention, il lui composa le personnage de Cal Trask, fils turbulent en quête de ses origines.

À l’Est D’Eden sortit en 1955. Le public comme la critique prit de plein fouet l’arrogance et la beauté de son jeune protagoniste. Auréolé du Golden Globe du meilleur film dramatique, ainsi que de deux nominations aux Oscars, dont celle du meilleur acteur pour la performance de James Dean, l’adaptation du roman éponyme de John Steinbeck marqua le début de l’ascension du jeune prodige.

Son statut de star se confirma avec La Fureur De Vivre. Réalisé par Nicholas Ray, le film raconte l’histoire de Jim Stark, adolescent à problèmes qui tente de lutter contre ses démons, mais qui rencontre une bande rivale bien décidée à contrecarrer ses ambitions vertueuses

Quoique sur un registre un peu différent du long métrage de Kazan, certaines thématiques ne manquent pas de se retrouver. La jeunesse, les difficultés de s’insérer dans la société, les conflits parentaux, les déboires amoureux: autant de manières d’appréhender une Amérique encore puritaine et trop certaine de la validité de ses codes moraux.

Peu de temps après, James Dean tournera dans Géant, ultime témoignage d’une carrière certes étincelante mais au combien trop brève. Dirigée par George Stevens, l’histoire gravite autour du destin d’une famille immigrée, installée au Texas au moment de la conquête pétrolière. Véritable fresque au casting étincelant (Elizabeth Taylor, Rock Hudson, Denis Hopper…), elle permit notamment à Dean de décrocher une nouvelle nomination aux Oscars, mais cette fois-ci, posthume.

Deux semaines après la fin du tournage, l’acteur croise la route de la Ford de Donald Turnupseed. Au volant de sa Porsche 550 Spyder, l’acteur qui venait d’achever un spot pour le sécurité routière, succombe comme par comble d’ironie suite à la collision des deux véhicules.

Une telle disparition, soudaine et tragique, finit de modeler le mythe James Dean. Comme Jimi Hendrix, Bruce Lee ou encore Jim Morrison, la légende semble reposer sur un équilibre trouvé entre foisonnement créatif et brièveté d’expression. Le temps leur a manqué, mais pas de problème. L’éternité leur est réservée.

Oui l’éternité. Les contraintes biologiques  dues au défilement des années ne saurait l’atteindre. James Dean conservera à jamais un visage ivre de jeunesse, fragile, ténébreux et nimbé de mystères. Un visage qui ne connaîtra pas les affres du vieillissement, un visage définitivement hors du temps.

À cette intemporalité palpable s’ajoute la puissance symbolique du personnage. A travers seulement trois longs métrages, Dean a réussi comme peu d’autres à matérialiser les préoccupations de toute une génération.

/Au cœur d’une Amérique lestée du fardeau de ses propres convenances, tant d’insouciance et d’insolence proclamées réussirent à faire trembler les institutions tout en répondant aux angoisses et aux difficultés d’une jeunesse qui n’avait pas encore l’habitude de se faire entendre.

Reflet d’une époque, et en même temps d’un état d’esprit, James Dean provoque toujours de l’intérêt. Preuves en sont les multiples hommages, publications et célébrations en tout genre organisés à l’occasion du 80ème anniversaire de sa naissance.

Parmi la variété d’événements proposés, notons l’exposition On The Road, Une Vie Programmée installée depuis le 9 février à la boutique Renoma. Mêlant sculptures, peintures ayant appartenu à James Dean ainsi que de superbes clichés pris par de grands photographes tels que Sanford Roth ou bien Phil Stern, elle donne à contempler de près l’univers de l’artiste.

Son monde réuni, condensé pour le plaisir des yeux et du cœur, entretient le lien déjà indéfectible entre le défunt artiste et le public. Magnifique démonstration du pouvoir de l’art, et finalement de la victoire de la vie sur la mort.

Guillaume Blacherois

Pratique :

Exposition : On The Road, Une vie programmée.

À partir du 9 février 2011.
Boutique Renoma
129 bis Rue de la Pompe, Paris XVIème arrondissement.

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