Lectures d’été N°2

Suite de nos lectures d’été

Par Christine Sourgins

Le dernier livre de François Derivery réunit de récents articles parus dans  les revues Artension et Ecritique, il traçe le portrait de « L’art contemporain produit et acteur du néolibéralisme »( édition écritique). A l’heure où fleurissent des ouvrages sur ce thème, mieux vaut s’en remettre aux témoins oculaires ou aux analystes à long cours, plutôt qu’à ceux qui prennent le train en marche…
F. Derivery fait partie de ces artistes perspicaces qui ont d’emblée flairé et combattu la nouvelle donne que son texte d’ouverture appelle « le tournant des années 70 ». Il y rappelle le coup de force que représenta l’exposition 60-72 grâce à laquelle l’Etat enclencha sa politique de création dirigée…en commençant par diviser le milieu des artistes pour mieux régner.  A l’époque, Paris bruissait de « collectifs d’artistes » forts actifs qui devaient être mis au pas : « Un collège de commissaires présidés par F. Mathey était chargé de procéder à une sélection et de séparer, en les invitant, les artistes considérés comme potentiellement « opérationnels »-autrement dit susceptibles d’accéder à une visibilité internationale- et les autres, destinés à être abandonnés en chemin. Il ne s’agissait plus, donc, de s’adresser aux artistes « en général » mais de considérer chaque cas en particulier quitte à l’opposer aux autres.»

Il est cocasse de lire ces lignes à l’heure où, à Beaubourg, de jeunes philosophes s’interrogent sur l’influence des technologies numériques et leur remise en cause du supposé « mythe démiurgique du créateur solitaire (…) à la lumière des communautés d’amateurs-contributeurs particulièrement actives sur le web ». Comme si l’institution n’avait pas imposé de force « le renvoi à l’atelier »… Un pseudo mythe qui permet d’orwelliser l’histoire de l’Art ; ou bien le énième exemple d’une perte de la mémoire récente : voilà où mène l’art sans véritable histoire de l’art… (1).

Bonnes vacances ! Le Grain de sel part en vacances studieuses ; la rentrée sera riche avec le film de Marianne Lamour « La ruée vers l’art », la parution du livre « Les années noires de la peinture » et des conférences !

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