Mexique : soleil, laïcisme et tequila, le mélange qui tue


/Cristeros, le film mexicain, bardé de stars comme Andy Garcia, Eva Longoria et Peter O Toole, est arrivé en France près de 3 ans ans après sa sortie au Mexique et aux États-Unis.
Un film d’action à grand spectacle qui raconte le soulèvement mexicain de 1926 contre les violences anti-chrétiennes du gouvernement ultra laïque du franc-maçon Plutarco Calles.
Une manière de génocide perpétré par les parangons de l’idéologie laïciste qui rappelle les heures sombres de notre Vendée. 250 000 paysans catholiques massacrés par les soldats du gouvernement mexicain.
Seuls contre une armée, les hommes et les femmes du peuple se soulèvent, des héros naissent et font changer le cours de l’Histoire.

Et si les héros sont plus vrais que nature, c’est parce qu’ils ont existé et certains ont même été béatifiés par Jean-Paul II et Benoît XVI.
CultureMag vous révèle pourquoi ce film est à voir absolument…et vous montre aussi quelques photos d’époque !


« L’armée fédérale a mené une guerre sans pitié. Elle ne faisait pas de prisonniers, les civils étaient pris comme otages et beaucoup d’entre eux fusillés. La torture fut systématique, on détruisit d’innombrables villages et hameaux »
reconnaissait le général Luis Garfias dans la revue Epoca du 4 janvier 1933 .

Si le spectacle est là, avec le dernier rôle du grand Peter O’Toole en vieux prêtre héroïque, un Andy Garcia campant tout en finesse la grande figure du Général Gorostieta, ou l’émouvante Eva Longoria dans le rôle de Tulita, la femme du Général, c’est à une page historique poignante et inconnue du grand public que l’on assiste.
Une page incomplète qui se termine sur une note d’espérance alors que la paix négociée par le Vatican et les Américains a permis au gouvernement de continuer son travail d’extermination sur les Cristeros désormais désarmés !
Une mention spéciale à l’exemple bouleversant du vrai héros du film, José Luis Sanchez, jeune adolescent et martyr, béatifié par l’Église, et joué avec maestria par Mauricio Kuri.

Mais comment expliquer ce déferlement de haine envers les catholiques mexicains ?

À l’origine de cette entrée en résistance, on observe un filet de lois de plus en plus répressives tentant de rendre impossible l’existence même de la pratique religieuse catholique au Mexique. La constitution révolutionnaire de 1917 sécularisait l’enseignement, interdisait les ordres monastiques et le droit de vote des prêtres.
En 1929 le gouvernement les applique radicalement, expulse les prêtres étrangers, ou n’autorise que ceux qui sont mariés.

Quelles sont les racines de cet anticléricalisme ?

Il y a une tradition anticléricale mexicaine, souvent portée par les élites nationales, hostiles à la relative protection des indiens par le roi d’Espagne avant l’indépendance et par l’Église catholique. Pour les francs maçons anti chrétiens, le retard de développement du Mexique s’explique par son catholicisme. Il faut donc l’éliminer pour rejoindre d’autres modèles, la France anticléricale, les États-Unis, ou la Russie rouge.

Et, toi, serais-tu courageux devant le choix ? Vas-tu renier le Christ roi en paroles ou perdre ta vie, ton nom, ton honneur ou ton prestige social ?

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Le film Cristeros, est passionnant parce qu’il montre la liberté des hommes, capables de choisir entre le bien et le mal, en suivant par exemple un prêtre guérillero animé par un esprit de vengeance, qui peut se confesser au tout dernier moment.
C’est aussi un film sur la virilité, celle qui fait prendre un chemin et s’y tenir. Celle qui sait prendre soin de l’autre, y compris en donnant sa vie pour que ses filles puissent aller au catéchisme auquel personnellement on ne croit plus vraiment. Celle des femmes qui se cousent des corsages porte-munitions et courent dans les rues et les montagnes pour porter les messages du soulèvement.

C’est une histoire qui met en valeur l’amour de générosité, qui ne se paye pas de mots, mais pose des actes pour réaliser l’amour promis. C’est le général Gorostieta qui s’engage, l’enfant qui donne son cheval et qui refuse de trahir son engagement avec les Cristeros. C’est aussi le prêtre qui pardonne à l’enfant qui lui jette des fruits pourris et qui refuse de quitter ses brebis.

Le combat méconnu de deux institutions ennemies depuis longtemps

Raconter l’histoire du combat de Mexicains pour le Christ Roi amène à se poser la question du rôle de l’Église, parfois aidante et souvent tiède face à la haine résolue du président franc-maçon Plutarco Calles. Après trois ans de guerre, elle finit par accepter un très mauvais compromis. Les prêtres et les évêques ne sont pas tous aussi courageux qu’ils le devraient. L’Église a horreur du sang. Elle suit l’enseignement de Jésus qui demande à Pierre de ranger son épée et laisse les tyrans totalitaires révéler leur duplicité et leurs mensonges.

Le film montre cette prudence peut être excessive de l’Église, mais garde par contre un silence coupable sur le fondamental manque de fiabilité de la parole donnée par Plutarco Calles et le pouvoir laïciste mexicain.
En cela ces hommes sont assez typiques de l’attitude de bien des relativistes, ennemis de tout dogme, pour qui les serments sont le fruit d’une impression du moment et peuvent changer à volonté. Ils se montrent ainsi capables de voter une loi à l’unanimité pour la contester aussitôt après. Ces hommes rationalistes et scientistes s’arrogent le droit de mentir aux faibles d’esprit qui veulent continuer à croire et à tenter de pratiquer une loi d’amour qui dépasse les intérêts et les calculs.

/La guerre, en un peu trop belle lumière

La caméra du film est explicite, directe et claire. Classique en somme, pour exprimer dans une constante ivresse l’ampleur du combat des Cristeros. Ce qu’elle montre est par contre toujours légèrement exagéré, comme dans toute bonne tragédie selon Aristote, pour qui ce genre montre les hommes meilleurs et plus grands qu’ils ne le sont dans la réalité. Belle nature, beaux chevaux, trognes patibulaires et grands sentiments sont en harmonie avec le drame qui se jouent.
On peut peut-être y trouver aussi un peu de complaisance pour la guerre, qui est claire, lumineuse et héroïque. Les vidéos de la guerre en Syrie montrent un combat absurde, le plus souvent incompréhensible pour ceux qui le vivent et le filment sur le terrain. La beauté et la clarté des images risquent aussi de faire oublier que la guerre est un terrible pousse au crime.
Le film le montre bien quand « el quartorze » tue un soldat isolé qui s’enfuit dans la nuit. Le film montre en tout cas la déformation morale que provoque la guerre. Il faut une très grande force morale pour que la guerre ne s’accompagne pas de débordements et du désespoir qui ronge ceux qui les ont commis.

Il faut tout le talent d’Eugenio Corti dans Le Cheval rouge pour montrer dans le même temps l’horreur de la guerre et sa dimension spirituelle. Les sacrifices de bien des personnages du film montrent aussi qu’il est de bons centurions qui appliquent au combat l’idée que la mesure d’aimer c’est d’aimer sans mesure et de donner sa vie pour ceux qu’on aime. C’est ce que font bien des personnages du film, en renversant par là un des tabous secrets de notre époque, le refus de la « violence », même et surtout quand elle est exercée pour défendre les plus faibles.

/Peut-on comprendre les gestes des laïcistes mexicains ?

Le film n’est pas manichéen, il est descriptif. La guerre révolutionnaire et l’idéologie conduisent en effet à ces débauches de meurtres. Il peine cependant à faire comprendre la face sombre de l’humanité et les motivations des bourreaux. Il faut aller au cœur des ténèbres pour comprendre l’esprit de ceux qui veulent tuer l’âme de leurs victimes.
Plutarco Calles apparaît comme un salaud absolu. Homme de pouvoir et d’orgueil. Il montre aussi, l’habitude de la violence qui s’acquiert en vivant au cœur du phénomène révolutionnaire, en étant de ces hommes violents qui s’affrontaient pour s’emparer du pouvoir dans un pays déchiré par une guerre civile confuse depuis longtemps.

Calles et les laïcistes sont aussi les porteurs d’un idéal à l’origine assez élevé. Ils voulaient le vrai, le beau, le bien, la science le développement et le progrès mais sans le Christ.

Ils voulaient ce bien plus vite et plus facilement qu’avec le Christ. Ils le voulaient sans s’embarrasser de précautions de moyens. Ils ont abouti à la violence systématique qui naît de l’oubli du commandement de Dieu, tu ne tueras pas. C’est le « court chemin » de toutes les hérésies. C’est l’orgueilleuse affirmation d’une possibilité de faire mieux que le Christ, en oubliant ses mises en garde contre la violence et l’appétit de pouvoir. En le prenant, on en vient à violer le réel et à refuser aux autres la liberté qu’on proclame uniquement pour sa secte. La dérive sanglante du laïcisme mexicain illustre le fait qu’un régime qui admet le meurtre dans certains cas est dangereux par lui-même et pour les autres pays.

Et la France, Monsieur ?

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Serait-ce une insulte aux Cristeros de comparer Manuel Valls ou François Hollande à Plutarco Calles ? La lecture de Vendée-Vengé de Reynald Sécher montre que la France révolutionnaire a commis des atrocités assez similaires contre les Vendéens.
Depuis, la méthode française pour assurer le pouvoir de « L’État-Dieu » et imposer les « lumières » aux consciences n’est plus la même. Ne pas faire des martyrs mais des chômeurs, ne pas faire perdre la vie et infliger des souffrances, mais faire perdre le confort et la considération sociale. Ne pas attaquer un bloc, mais le séparer soigneusement en plusieurs partis, subtilement gradués du plus au moins républicain. C’est ce que disait Vaclav Havel à propos de l’habitude de la menace qui suffit au néo-totalitarisme pour faire durer un pouvoir sans idéal.

Nous attendons encore l’artiste qui saura révéler le drame des persécutions larvées et des pressions sociales contre la générosité et montrer la gloire de ceux qui résistent au totalitarisme discret qui tente de réduire silencieusement les libertés de l’âme.

Comment réagir ?

Ah les canailles ! Il faudrait combattre. Ah les bourreaux, on ne peut pas les laisser faire ! Toute la difficulté est de résister sans haïr, de répondre sans tomber dans l’imitation de la violence qu’on voudrait effacer. C’est au fond d’aimer ses ennemis sans avoir la moindre complaisance pour le mal.
Sans l’Esprit-Saint c’est impossible. Avec l’aide de Dieu, cela reste difficile et ne se traduit généralement que par « le léger changement de nos vies » dont parle Saint Bernard.

Evariste Edmond

Cristeros
2h25mn‎‎ – Classification: Tous publics‎‎ – Drame‎
– Distribution: Andy Garcia, Catalina Sandino Moreno, Rubén Blades, Peter O’Toole, Eva Longoria, Oscar Isaac, Nestor Carbonell, Eduardo Verástegui, Patricia Garza, Adrian Alonso, Raúl Adalid

www.cristeros-lefilm.fr/ou-voir-le-film.html

À lire :

La guerre des Cristeros, mise sou le boisseau par l’historiographie officielle et par le Vatican pendant des décennie, a été exhumée par l’historien français Jean Meyer en 1964.

Cet élève de Pierre Chaunu a publié sa thèse en 1975 : La Christiade, l’État et le peuple dans la révolution mexicaine (Payot).

Les éditions CLD ont réédité le livre de Jean Meyer dans une version enrichie et réactualisée :
La rébellion des Cristeros, L’Église, l’État, le peuple dans la Révolution mexicaine, 348 pages, 23 €.

Version illustrée du même ouvrage : La Cristiada, la lutte du peuple mexicain pour la liberté religieuse, 224 pages, plus de 300 illustrations et documents inédits, 35 €.

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