CultureMag vous le dit, c’est LE film de Noël, c’est Marie Heurtin, le film de Jean-Pierre Améris avec Isabelle Carré et Ariana Rivoire. L’histoire d’une aveugle sourde et muette – sorte d’enfant sauvage au début du film – qui prend conscience de son humanité et apprend à communiquer – sans peur – avec le monde grâce au dévouement sans limite et à l’ingéniosité d’une religieuse.
De toute beauté, à voir absolument.*
Cette histoire est inspirée de faits réels qui se sont déroulés en France à la fin du 19ème siècle et incarnée par une Isabelle Carré rayonnante et une Ariana Rivoire bouleversante.
Il a fallu trois étapes à cette jeune « Marie-Ariana » (qui dans la vie est vraiment sourde de naissance) :
d’abord la connaissance, que peut-on faire sans ?
Elle a compris, par geste dans sa main, ce qu’était un couteau, puis une fourchette etc. C’est le dévouement et la persévérance de Soeur Marguerite (et la sagesse d’une très belle Mère supérieure) qui ont eu raison de l’état d’incommunicabilité où elle était plongée.
Deuxième stade : l’amour.
Cette jeune fille s’éprend de la religieuse qui l’a sauvée, c’est un amour total et sans ambiguïté. Mais elle aurait pu penser que c’était elle la handicapée, qu’elle avait tous les droits et que le dévouement était à sens unique : toujours vers elle. Lorsque Soeur Marguerite tombe malade, elle sent que, toute infirme qu’elle soit et si maladroite, elle doit aider son amie : une scène à pleurer de beauté, qui nous montre que seul l’amour mutuel est l’amour.
Troisième stade : l’espérance.
La jeune Marie apprend à comprendre ce qu’est la mort. Mort d’une religieuse plus âgée d’abord. Mort de son amie Marguerite ensuite. Le film se termine par une prière de l’infirme sur la tombe de Marguerite, dans le soleil. Elle a tout compris. Elle est entrée dans l’espérance comme on entre dans la danse. Je pense à ce texte magnifique de Gabriel Marcel, Homo viator : l’homme est constitué par son espérance.
L’infirme que l’on nous a présentée comme aux frontières de l’humanité, est devenue pleinement humaine: elle aime et donc elle espère – et d’abord elle espère pour celle qu’elle aime.
Peut-on se projeter ? – Non direz-vous : je ne suis pas infirme. – Si : devant le Créateur, face à Dieu, nous sommes tous des aveugles sourds et muets.
Quelle leçon pour les eugénistes de tous crins !
Un bel hommage au dévouement des religieux dans le monde auprès des plus démunis. Un bel hommage à l’Humanité tout simplement. Un vrai film de Paix pour Noël.
A la fin du film, la petite salle pleine à craquer de la Rue d’Odessa a applaudi longuement : je n’étais pas le seul à avoir les yeux rouges.
Guillaume Kerguelen
*Afin de rendre ce film accessible à tous, il est projeté avec des sous-titres pour les personnes sourdes dans toutes les salles et à toutes les séances. Le film est également disponible en audio-description pour les aveugles dans toutes les salles équipées.
© Michael Crotto
Poster un Commentaire