Florence : Portraits à la cour des Médicis

""Le Musée Jacquemart-André n’a rien perdu de son charme. L’illustre demeure des époux collectionneurs propose, en ce moment, une exposition sur les portraits à la cour des Médicis.

Fidèles à la chronologie du « cinquecento », les salles, non surchargées de tableaux, retracent le siècle florentin, depuis la République jusqu’au retour d’exil de la famille Médicis et à son rétablissement au duché de Florence.
Les portraits témoignent de l’esprit de la cité dont le visage guerrier va rapidement s’évanouir, laissant place aux traits gracieux et harmonieux du faste et du raffinement italien.

Après le court film d’Hector Obalk insistant sur l’importance des mains comme symboles de la nonchalance aristocrate chez Del Sarto, Bronzino et Corrège, l’exposition s’ouvre sur la République florentine. En Italie, Raphaël, Leonard de Vinci et Michel-Ange s’imposaient comme les maîtres d’un art aux « manières modernes » comme l’écrira Vasari, et l’Humanisme pénétrait toute l’Europe; cependant, Florence, survivant au gré des crises politiques, ne brillait guère par l’ostentation de ses richesses mais plutôt par l’élégance de son dépouillement.
Les noms de Ghirlandaio, Pontormo, Francabigio et André del Sarto s’inscrivent sous des portraits austères, tout comme le « Portrait d’un homme » de Fiorentino. Visages émaciés, coupes de cheveux carrés, femmes vêtues de noir, arrières-plans pauvres en couleurs où se balancent des arbres morts, où parfois une fenêtre s’ouvre sur un monastère.

Enfin Alexandre vint, qui le premier revêtit l’armure des Médicis. Le Duc de Florence, dépeint par Alfred de Musset comme un soiffard et un soudard, nous est ici présenté sous les jeunes traits d’un guerrier fixant Florence, reprenant la terre de ses pères, assis sur le drap rouge, symbole des républicains achevés : l’héroïsme renaît sous le pinceau de Vasari. Et ce sont Cosme Ier et Jean des Bandes Noires, respectivement représentés par Bronzino et Salviati, qui se renvoient l’un à l’autre, le père et le fils, par un jeu de scénographie qui mérite d’être souligné.

""Cette première moitié du XVIème siècle cède rapidement le pas aux délicieux costumes d’une nouvelle Florence. En 1539, Cosme Ier épouse Eleonore de Tolède, égérie de l’exposition, qui impose la mode espagnole.

La deuxième partie de la visite offre une Florence d’héritiers délicats dont les yeux fixent le spectateur, et l’on voit apparaître un léger rouge qui brille sur leurs joues. Le faste et l’assurance d’une nouvelle grandeur : Florence se veut la capitale du goût raffiné. Pour cela, une salle du musée est réservée à la représentation des musiciens et des poètes de la cour des Médicis.
Époque florissante où naissaient l’Académie des belles-lettres et l’Académie des arts du dessin. Renaît alors la grâce et l’harmonie du maniérisme, les peintres se plaisent à imaginer la femme idéale, tel qu’André del Sarto, avec sa Femme au recueil de Pétrarque ou bien transmettent la haute vertu de l’amitié qui fit pleurer Achille sur le corps de Patrocle.

Toutes ces beautés aboutissent au nouveau canon européen en cette fin du XVIème siècle : le grand portrait de pied ; code grandiose pour la famille Médicis dont l’illustre jeune fille, Marie, est devenue reine de France.

La visite se clôt sur cette figure élégante et fine de l’épouse d’Henri IV qui nous fait songer à la ruse des portraitistes et à la fragilité des Grands de la cour sous le pinceau des artistes, tant Marie de Médicis habite d’autres formes dans la série de tableaux qu’elle commanda à Rubens.

L’exposition a le mérite d’exhumer un siècle de portraits, sans se laisser emporter par l’accumulation de tableaux, donnant à chaque mur le portrait nécessaire et touchant juste pour chaque sous-thème proposé.

Et sortant du musée, il ne nous reste plus qu’à souhaiter comme Musset à travers la bouche d’André del Sarto :
« Que chaque siècle voie de nouvelles mœurs, de nouveaux costumes, de nouvelles pensées, mais que le génie soit invariable comme la beauté. »

Baudouin de Guillebon

Pratique :

Exposition « Florence : Portraits à la cour des Médicis » jusqu’au 25 janvier 2016

  • Horaires

Le Musée est ouvert tous les jours de 10h à 18h. Nocturne le lundi jusqu’à 20h30.
Le Café Jacquemart-André est ouvert du lundi au vendredi de 11h45 à 17h30. Brunch les samedis et dimanches de 11h à 15h.
La librairie-boutique culturelle est ouverte aux horaires du Musée, y compris le dimanche

  • Tarifs

Individuels
Plein tarif : 12 €
Tarif réduit : 10 € (étudiants, enfants de 7 à 17 ans, demandeurs d’emploi)
Gratuit pour les moins de 7 ans, les journalistes, les visiteurs handicapés, les Membres et le personnel de l’Institut de France.
Audioguide exposition : 3 € // Livret de visite exposition : 2,5 €
Audioguide collections permanentes : gratuit

Légende :
 Vasari, Portrait d’Alexandre devant Florence
Fiorentino, Portrait d’homme
Salviati, Jeune homme à la biche

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