Anniversaire de la mort d’Alfred Cortot

/La Salle Cortot et l’École Normale de Musique de Paris étaient en effervescence en le 4 octobre dernier pour fêter le 50ème anniversaire de la mort de son fondateur, Alfred Cortot.

Une soirée exceptionnelle, et réservée à quelques bienheureux, a été organisée pour rendre un hommage à celui qui, en 1919, décida de fonder l’École Normale de Musique et de permettre ainsi à des milliers d’élèves de parfaire leur éducation musicale auprès des meilleurs maîtres : la série est longue des prestigieux professeurs qui se sont succédés pendant presque un siècle, Nadia Boulanger, Reine Flachot, Charles Munch, Henri Dutilleux hier, Jean-Marc Luisada, Bruno Rigutto, Isabel Garcisanz aujourd’hui. Dans un discours émouvant, Paul Chardon, Président de l’École Normale de Musique et de son Amicale et ami intime d’Alfred Cortot, rappelle les grandes lignes de sa vie en insistant particulièrement sur l’excellence du musicien et sur ses indéniables qualités de pédagogie.

Pour marquer d’une pierre blanche cet anniversaire, l’École Normale a invité l’un des derniers monstres sacrés du piano, Aldo Ciccolini. Ce choix n’est pas innocent car au-delà de leurs initiales communes, on apprend qu’Aldo Ciccolini a reçu dans cette même salle les conseils d’Alfred Cortot notamment sur le répertoire français.

Que dire de ce récital, magique s’il en est… À 86 ans, le pianiste n’a pas un moment de fatigue, ne commet pas une fausse note : tout est joué avec une précision remarquable et imparable. Aldo Ciccolini ouvre le récital avec la Fantaisie en ut mineur K.475 de Mozart. Il accentue fortement le côté sombre et obscur de cette pièce, que seules quelques notes, plutôt des touches de couleur, viennent illuminer au détour d’une phrase. Place ensuite à la musique française dont le pianiste s’est fait l’un des plus fervents défenseurs. Il joue 3 extraits du livre 1 des Préludes de Debussy avec beaucoup d’inspiration : en quelques notes, il crée un univers, raconte une histoire, notamment dans « Minstrels ».

Peu connues, les pièces de Déodat de Séverac ne demandent qu’à l’être. Le « Coin de cimetière au Printemps » est interprété avec une belle intensité grâce à des notes toutes douces, entourées d’une sorte de brouillard rendu par un jeu très fin à la pédale. Il conclue son récital avec une impressionnante et fabuleuse « Mort d’Isolde » dans la transcription de Liszt : dès les premières notes il impose un toucher ferme, incisif pour ensuite s’attacher à nuancer chaque reprise du thème. Du grand art !

Cédant à l’insistance d’un public plus qu’enthousiaste, il joue en bis des œuvres de Scarlatti et de Granados.
On ne pouvait rêver mieux pour célébrer le 50ème anniversaire de la disparition d’une légende qu’un concert donné par une autre légende vivante !

Manon Ardouin


À l’occasion de cet anniversaire, EMI réédite l’intégralité des enregistrements d’Alfred Cortot dans un coffret de 40 CD.

1 Trackback / Pingback

  1. Symphonies Blog

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.